[Initiation Déholia] Une nounou d'enfer ~

La soldate hoqueta de douleur et ferma les yeux en s'écrasant de nouveau contre le même arbre que tout à l'heure. Elle retomba mollement au sol en grognant. Cela dit, il releva la tête en entendant des grognements lui répondre et des pas remuer les feuillages. Son visage s'illumina d'un grand sourire.

-Edgar ! Felipe ! Vous avez même ramené un cabot !!

Felipe se jeta par terre pour prendre sa main une lueur inquiète sur le visage. Il tenta de parler, mais la panique l'empêchait de dire quoique ce soit. Edgar assuma immédiatement son rôle d'aîné.

-Tu peux bouger ? On va avoir besoin de tout le monde.
-Un peu que j'peux bouger. J'ai pas dit mon dernier mot.

Edgar aida Déholia à se relever tandis qu'elle ébouriffa le crâne de l'homme de pierre. Edgar se tourna vers les trois hommes qui leur faisaient face. Il fronça les sourcils en voyant les flèches briller.

-Felipe, retiens le grand. Déholia, prends Pat'mole avec toi. Foncez sur les archers. Il me faut une diversion.

Sans même essayer de s'insurger, Déholia acquiesça et se jeta vers les deux archers. En criant au rocket de la suivre. Ce dernier aboya férocement en se lançant à sa suite. Le molosse qui leur faisait face voulu s'interposer, mais n'ayant prêté gare à l'homme de pierre pleurnichard, ce dernier eut le champ libre pour charger et donner un coup de bouclier au géant. Ce dernier chuta et souleva un nuage de feuilles mortes. Ce qui ne parvint pas à démotiver les archers qui tirèrent sur la corde de leurs arc, mais avant qu'ils ne puissent relâcher celle-ci, Déholia lança son sabre vers eux. Il se planta à leur pied, mais la surprise avait ralenti leur offensive, ainsi pour qu'elle soit interrompue par une gerbe de feu qui émana de leurs pieds les faisant sursauter et lâcher leurs flèches.

Déholia et Pat'mole profitèrent de ce moment. La jeune femme jeta la tranche de son bouclier contre la tempe d'un des homme qui s’effondra presque immédiatement, tandis que Pat'mole sauta à la gorge de l'autre homme avec la ferme intention de le dévorer.

-Eh ! Pas tuer ! Oui, voilà. Bon Rocket.

Déholia tapota la tête du Rocket tout sanguinolent qui venait d'épargner la vie de celui qui l'assaillait. En revanche, il lui avait charcuté les bras de telle façon que la douleur fit vaciller l'archer dans l'inconscience. Un cri fit tourner la tête à Déholia. Le géant était en train de frapper le bouclier sous lequel se recroquevillait Felipe.

Elle lança un regard à Edgar, qui lui fit un signe de tête. La soldate passa au-dessus de la rambarde, serrant sa lame fraîchement récupérée entre ses mains et la plongea dans l'articulation du genou de l'homme. Elle fit tourner la lame à l’intérieur pour la tirer vers elle et sectionner le tendon. Un hurlement terrible raisonna dans la clairière tandis que le bandit jetait son bras en arrière. Déholia leva son bouclier avec force pour encaisser le coup et lui faire perdre de sa puissance.

Soudain, un blond emmitouflé dans une cape – pas trop mal - sortit avec une fillette dans les bras. Déholia fit le rapprochement immédiatement. Tout en l'écoutant, elle planta son sabre dans la main du molosse pour lui clouer au sol, et d'un coup de pied bien placé, elle lui déboîta l'épaule. Elle écarquilla néanmoins les yeux en entendant le blond. Il y en avait un autre ?

Elle retira sa lame de l'autre et se jeta dans la cabane. Qui était vide.

-Merde !! Les gars, il y en a un qui s'est enfuit ! Je pars à sa recherche ! Pat'mole, tu viens avec moi !

Edgar de son côté pesta. Il s'approcha du molosse blessé et lui donna un coup de pommeau au visage pour l'assommer. Avant de demander à Felipe de le traîner avec lui dans la cabane, où ils entreprirent de consigner les trois bandits, solidement ficelés. Après cela, Edgar disposa de l'huile autour des hommes et prit une chaise pour s'asseoir.

-Felipe, retourne à la villa et va demander des renforts, s'il s'est enfui, il va falloir quadriller la zone. Je vais m'occuper de ces prisonniers. Ah, et si tu peux ramène le mec qu'on a trouvé en venant, faudrait pas qu'il puisse être libéré.

Felipe acquiesça vivement, tandis qu'Edgar reportait un regard las sur les prisonniers. Commencer l'interrogatoire serait barbant, mais en même, ce serait ça de fait...

Déholia, après avoir déclaré ses attentions à ses camarades, s'était jetée dans la forêt à la recherche de traces. Elle avait trouvé une trace de sang dans la cabane qu'elle avait fait reniflé à Pat'mole en espérant qu'il ait l'âme d'un traqueur.

-Allez mon grand, retrouve ce connard et j'suis sûr qu'on te trouvera un bon steak dans les cuisines des Stratus.

Elle espérait de tout cœur qu'il n'avait pas été récupéré la petite. Mais l'échec du pistage de Pat'mole renforça cette crainte. Elle pesta en changeant subitement de cap, direction la villa. Elle devait s'assurer que la petite et le change-forme n'était pas en danger.

Déholia courrait à travers la forêt, à une allure des plus soutenue. Elle s'était mise à respirer profondément pour dompter sa respiration et pousser son endurance au paroxysme de ses capacités. Le rocket continuait de courir devant elle.

Quand les cris de Jarvis résonnèrent dans la forêt, le canidé fila vers l'origine du bruit sans prévenir. Déholia se jeta également vers les hurlements, tentant de ne pas se faire trop distancer. Au terme de sa course, elle se cacha derrière un arbre, après avoir vu le change forme étendu sur le sol. L'homme qu'elle avait vraisemblablement laissé filer avec Miuna au bout de son bras, au milieu des arbres, Pat'mole grognant à ses côtés. Et surtout Felipe. Juste en face du bandit, un air profondément choqué sur le visage.

Elle passa discrètement la tête derrière l'arbre pour observer la situation. Elle ne pouvait pas s'exposer pour que Felipe la remarque, car l'autre risquait de la repérer également. Ainsi, elle devait compter sur sa connaissance de son ami.

Elle se colla contre l'arbre et ferma les yeux pour se concentrer sur ce qu'il se passait plus loin.

La voix de Felipe, chargée d'angoisse parvint jusqu'aux tympans de la soldate.

— Euuuh... Woah.. Écoute il faut vraiment que tu poses cette fille, d'accord ?

Déholia comprit globalement ce qui allait se passer ensuite. Son ami allait chercher une solution pacifique, pour satisfaire tout le monde. Très lentement, elle s'accroupit. Elle détacha son sabre qui la gênerait trop et glissa son bouclier contre son torse, sous ses vêtements. Après quoi, elle se coucha sur le sol — réprimant un râle de douleur en sentant sa poitrine compressée par le bouclier, et, elle posa un genou à terre pour finalement se mettre à ramper. Lentement, en faisant le moins de bruit possible et en se calant sur les moments où Felipe parlait.

— Je vais lâcher mes armes, d'accord ? On pourra discuter tranquillement ?

Lorsque Déholia entendit les armes tomber, son ventre se tordit. Il était totalement inconscient.

— Je sais pas trop ce que tu veux à cette fille... Mais, là, elle peut plus respirer. Il faut que tu la lâches. Tu es en train de kidnapper la fille d'un noble de Jangala... Si tu te rends, tout se passera bien, tu comprends ? Mais là, j'ai vu ton visage, mon escouade est dans le coin, on va pouvoir te signaler... Tu pourras pas t'en fuir, alors imagine ce qui se passera si la fille meurt entre tes doigts... Pose là, d'accord ? Si tu la poses, je dirai que j't'ai pas vu ou que tu m'as vaincu, ça te laissera un peu de temps... Tu comprends ?

Déholia ne savait pas si son camarade était sérieux ou pas... Dans tous les cas, elle n'allait pas laisser passer la chance de s'approcher. Le plus discrètement possible, elle s'était glissée dans les branchages, pour se tapir dans le dos de l'homme. Elle se glissa jusqu'à un arbre et se redressa lentement.

Elle n'était qu'à quelques pas de l'homme. Dans son dos. C'était sa chance. Évidemment, s'il se rendait, tout serait plus simple. Mais s'il ne le faisait pas, elle n'aurait peut-être pas une si belle occasion de le mettre hors d'état de nuire. Elle sortit son bouclier de sous ses vêtements, attrapant la tranche entre ses mains. Avant de s'immobiliser.

— Fais moi confiance, laisser la petite est la meilleure solution. 

Si elle voulait progresser, si elle voulait enseigner, elle devait se souvenir des enseignements d'Enryu. Et ainsi, faire confiance à son ami.

Elle se mit à respirer lentement et fléchit ses jambes. Elle allait faire confiance à Felipe et assurer ses arrières. Dès qu'elle pourrait, elle assommerai l'homme, mais la sécurité de Miuna passait avant tout.

Guettant la réaction de l'homme dans le silence le plus total, elle se tenait prête. Au moindre signe de fuite, où de violence, elle surgirait pour abattre son bouclier contre le crâne de l'homme.

En entendant la complainte du bandit, Déholia sentit son sang ne faire qu'un tour. Elle dut prendre sur elle pour ne pas surgir de son couvert et écraser son bouclier contre le crâne de ce « résidu de foutre ». Et... Elle regretta de ne pas l'avoir fait. Quand elle fut soudainement embourbée dans une épaisse pellicule de glace, et qu'elle entendit l'homme se moquer d'eux, elle hurla en jetant son bouclier contre la glace.

-ENFANT DE PUTAIN ! VIENS TE BATTRE, J'T'ATTENDS !

Elle se tourna en entendant des bruits de lutte. Un sourire barra son visage colérique en voyant le change-forme lacérer la jambe du bandit.

-OUAIS, DÉFONCE LE, MATOU ! J'arrive !

Après quoi, elle se remit à marteler la glace, avec une force et une hargne incommensurable. Mais malheureusement, c'est son bouclier qui céda en premier, se fendant d'abord en deux, l'armature en métal s'était tellement déformé qu'on aurait cru de la pâte à modeler. Pourtant, la glace ne cédait pas. Déholia vit alors l'homme disparaître dans les feuilles.

-EH FILS DE PUTE ! RETIENS MON NOM ! DEHOLIA SHEÏKA, C'EST CE NOM QUI TE FOUTRA DANS LA TOMBE, SAC A MERDE !

Elle se laissa tomber contre l'arbre, essoufflée, mais aussi, hors d'elle. Cela dit, la vision du beau blond – tout nu – absolument paniqué fit revoir son ordre de priorité à la jeune femme. S'assurer que la gamine allait bien. Elle se laissa tripoter par le change-forme, dans le seul but de maximiser son efficacité à trouver les cachets, évidemment. Dès que la glace commença à fondre, elle et Felipe se jetèrent au chevet de la jeune fille. Déholia lui soutint la tête, tandis que Felipe tentait de la rassurer.

Une fois qu'elle eut l'air d'être sorti d'affaire, Déholia reprit les choses en mains.

-Felipe, accompagne-les jusqu'à la villa. Je vais récupérer l'autre prisonnier, et je rejoins Edgar. Je vais lui dire de s'occuper du signalement. T'en as assez fait.

Felipe acquiesça. Penaud. Déholia avait envie de l'étriper, mais d'une part, il était un homme de pierre, ce qui compliquait la chose, et d'une autre, elle connaissait sa sensibilité, sa naïveté. Et si elle avait choisi de lui faire confiance, ce n'était pas pour le démolir après... Même si, vu sous un autre point de vue...

Enfin. Déholia retourna donc à l'endroit où elle avait affronté les trois premiers bandits, après avoir récupéré son sabre. Elle avait d'ailleurs laissé son glaive à Jarvis un peu plus longtemps, juste au cas où. Elle fut tentée de suivre la piste laissée par les traces de sang, mais nul doute que le mage serait déjà loin. L'urgence était d'établir un périmètre de recherche. Déholia récupéra donc son premier prisonnier, pour le ramener à la cabane où se trouvait les autres. Il fut étrangement coopératif quand Déholia le somma d'avancer, en dirigeant la pointe de son sabre, entre les jambes de l'homme. Déchirant ses vêtements, de sorte à ce que la pointe de son arme chatouille son « minable service trois pièces ».

Une fois de retour dans la cabane, elle jeta l'homme avec ses camarades et se tourna vers Edgar pour lui expliquer la situation, avant de poser son regard sur Stratus et la domestique.

-La p'tite est en sécurité avec le beau blond, le rocket et Felipe, l'homme de pierre, là. Donc, pendant qu'Edgar va signaler la fuite du bonhomme, vous allez rester avec moi m'sieur Stratus, et discuter avec ces messieurs. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Elle eut un sourire des plus hypocrite et forcé, avant de le perdre dans la seconde pour un visage plus sévère.

-Edgar, bouge de là. M'dame, j'ai besoin d'une liste des domestiques qui ont accès à cette cabane, si vous me trouvez votre garde forestier, je veux bien qu'on me l'amène.

Edgar acquiesça, pas très serein et disparu avec la gouvernante. Déholia montra une chaise au noble, avant défaire son fourreau, et le poser sur une table, face aux prisonniers. Elle s'adressa d'abord à eux.

-J'aime pas perdre mon temps. Personne ne connaît encore votre existence, en l'absence de rapport. Et j'ai besoin que d'un seul d'entre vous pour avoir mes informations, alors, si vous voulez garder vos secrets...

Elle dégaina son sabre et le planta entre les jambes d'un des prisonniers.

-Joséphine se fera un plaisir d'opérer quelques modifications sur vous.

M'dame, j'ai besoin d'une liste des domestiques qui ont accès à cette cabane, si vous me trouvez votre garde forestier, je veux bien qu'on me l'amène.

-Mais comme les interrogatoires, c'est barbant, on va jouer à un jeu. Vous commencez tous avec vingt points. Un refus de répondre, ou un truc du genre vous fait perdre un point. Vous comprenez ?

Elle se tourna vers Stratus.

-J'espère que vos tripes sont bien accrochées.

Une fois les formalités terminées, Déholia put commencer, elle reporta son regard sur les bandits.

-Je veux le nom de votre chef, celui qui s'est barré, et pourquoi cet enfoiré jouait de la trompette avec son nez ! Hmpf. Vos noms à tous, aussi, si vous venez d'une organisation ou d'une nation particulière. Et enfin, si vous avez un employeur et une taupe parmi les domestiques.

Elle se leva pour faire le tour et repérer des marques de chimère, n'hésitant pas à déchirer les vêtements de chacun. Lorsqu'elle revint, près de sa table, elle reprit.

-Ensuite, votre chef a révélé que vous n'étiez pas venu ici pour kidnapper la mini-Stratus, mais, pour vous emparer d'une clé.

Là, elle se tourna vers le maître des lieux.

-Y a t-il une clé qui ne devait pas être volé, ici ? Je veux tout savoir. Ce que c'est, ce qu'elle ouvre. Tout.

Elle reporta son regard sur les prisonniers.

-Je veux votre véritable objectif et savoir comment vous êtes arrivés là. Tout de suite.

Si Déholia avait été un moment satisfaite par les réponses qu'elle avait obtenu, la rage et l'incompréhension revinrent bien vite sur son visage. Que faisaient les scorpions à Jangala ? Elle n'eut pas le temps d'y penser plus en détail que le bandit qui avait craqué tomba soudainement au sol, la gorge perforée. Le visage de Déholia se décomposa de stupeur puis de colère quand elle fusilla du regard le visage hystérique de l'autre.

Elle bondit, l'arme en avant, mais déjà l'homme convulsait après avoir avalé un poison caché dans ses vêtements. Damien, fut plus rapide pour intercepter l'autre. Déholia le regarda avec stupéfaction, elle allait de surprise en surprise aujourd'hui.

Quand l'homme agita la capsule de poison qu'il avait récupéré, le visage de Déholia se pinça de haine. Elle aurait dû le voir ! Quelle idée de leur avoir laissé leurs vêtements, alors même qu'elle les avait déchiré pour voir la marque de leur chimère ! Mais alors qu'elle se flagellait mentalement, Damian la congédia. Ni plus, ni moins. Elle le regarda avec des yeux ronds tandis que ses hommes entraient.

— Quoi ?! Vous n'avez pas le droit ! C'est moi qui les ai arrêtés, c'est l'affaire des crocs !

Comme on pouvait s'y attendre, elle fut sortie de force. En hurlant, le visage aussi déformé par la colère que son interlocuteur.

— Dites moi ce qu'ils vous ont volé ! Vous avez pas le droit de me cacher des cho...

La porte se referma brutalement devant elle. Elle se prit la tête entre les mains pour étouffer un râle de colère, juste avant que la voix d'Olga lui fasse relever la tête. Elle expira en serrant les dents, expulsant lentement sa colère. Ses doigts se refermèrent sur le papier, alors qu'elle esquissait un sourire à la domestique. 

— Hm. Merci pour la feuille. Et c'est mon boulot d'empêcher les kidnappings. T'en fais pas. 

Elle ne préféra pas revenir sur le sujet Stratus. Évidemment, elle l'aurait bien encastré dans le mur de la cabane... Mais au moins, elle n'avait pas eu à extorquer les informations par la force. Pendant l'annonce de ses méthodes de travail, elle avait repensé à Felipe. Et s'était remise à douter. 

Elle poussa un soupir, bien plus abattue qu'elle ne le pensait. Elle fouilla dans sa poche pour sortir une boîte de cigarette et s'en sortit une. Elle l'alluma avant de suivre la domestique. Crachant sa fumée à l'opposé. Étonnamment, le croc faisait preuve de la plus élémentaire des bienséance quand elle était pensive.

— La petite à fait une crise d'asthme, tout à l'heure. Ou d'angoisse. Je sais pas trop comment différencier les deux. Elle va mieux ? C'était juste avant que ce Arnaud s'casse avec son truc, là. 

Elle glissa son regard sur Olga un moment, avant de la reporter sur la feuille. 

— Visiblement, ils étaient au courant d'à peu près tout ici. Ton patron va sûrement vouloir faire le ménage parmi ses gens...

Elle plia la feuille pour la ranger dans sa veste. Elle n'en avait pas fini avec. Très vite, les deux femmes arrivèrent devant la maison. Alors que Déholia écrasait sa cigarette contre sa semelle, une idée folle la traversa... Non, ça ne se pouvait. Enfin, pour le moment. Elle n'avait pas suffisamment d'information.

Elle jeta son mégot dans un seau à proximité et entra dans la villa avec Olga.

Elle y trouva notamment Edgar, Felipe devait encore être avec la petite et Jarvis... En passant près du pyromancien, elle lui glissa discrètement quelques mots.

— Stratus veut garder le corps. Informe l'vieux.

Il faudrait rapidement qu'elle ait une discussion avec son mentor. Enfin, seulement après s'être assuré du sort de Miuna. 

Juste avant qu'Edgar ne file, Jarvis et Felipe arrivèrent jusqu'aux deux Crocs restés à l'entrée. Les mots de Jarvis firent arquer un sourcil à Déholia – lui faisant presque oublier l'accoutrement du blond, elle regarda rapidement Felipe, qui esquissa un sourire embêté. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Sans un mot, elle emboîta le pas au change forme et à ses camarades, pour sortir de la villa.

-Quoi ?!

Ce fut là, la première réaction de Déholia face au propos que Jarvis venait de leur exposer. La seconde d'après, elle le plaquait contre le mur avec force. Et alors qu'elle allait hurler, une lourde main se posa sur son épaule.

-Il dit la vérité, déclara Felipe, à propos de Miuna. Je l'ai vu.

Déholia jeta un regard noir à son camarade.

-Tu es naïf comme pas deux ! Ta putain d'intuition jusque-là, ça nous a filé un homme en fuite !
-Déholia, je ne pense pas que Felipe ait tort. Jarvis t'a bien aidé, non ? Qui plus est, il vient de nous avouer tout ça, alors que le plan des Scorpions est un succès.

Les yeux de Déholia firent le chemin entre Felipe et Edgar, avant de revenir sur Jarvis. Elle était en colère. Terriblement en colère.

-Tous les deux. Allez arrêter le jardinier et le garde-chasse. Prétextez que c'est pour les interroger. Je m'occupe de lui.
-Déholia, ne fait pas-
-Edgar ! C'est ma mission, c'est moi qui gère. Je vous ai juste appelé en renfort, donc écoutez-moi.

Edgar soupira. Dans le fond, il ne pouvait pas lui donner tort, il souffla un « Très bien » avant de se tourner. Felipe lui emboîta rapidement le pas, mais s'arrêta un instant pour dire quelques derniers mots.

-Fais le bon choix.

Déholia serra les dents, et soupira. Elle libéra Jarvis de son étreinte et recula, se pinçant l'arête du nez.

-Tu fais chier. T'étais le seul en qui j'avais à peu près confiance.

Elle laissa sa main retomber contre ses hanches, avant de fusiller le change-forme d'un regard sévère.

-Je ne vais rien dire. Même si Felipe est un débile fini... Je... comprends, un peu. Fin bref !

Elle secoua la tête, chassant toutes pensées parasites de son esprit.

-T'as toujours l'air moins pourri que Stratus. Je vais retrouver ton « boss ». Donc, t'as intérêt à tout me dire sur lui. Et sur cette clé. Et si jamais j'entends que tu as fait le moindre mal à Miuna, t'auras affaire à moi. Compris ?

Elle marqua une pause, un moment pensive.

-Donc, aussi pourri qu'il soit, Stratus n'a rien à voir là-dedans, on est d'accord ? Je me méfie de lui. C'est un riche. Leurs vêtements sont trop propres pour que ça cache pas quelque chose. Bref. Je vais me débrouiller pour faire plus de patrouilles ici. Donc, me le fais pas à l'envers.

Elle ne laissait, dans son ton, son regard, sa gestuelle, rien transparaître d'autre qu'une détermination farouche. Elle aurait ce fichu Scorpion, quoiqu'il arrive. Finalement, son regard s'adoucit légèrement quand elle recommença à se perdre dans ses pensées. Nan ! Elle ne devait pas faiblir maintenant.

-Tu peux sortir de la propriété ? Qu'on puisse discuter plus en profondeur de tout ça.