[Quête] Et tu redeviendras poussière... [& Zei]

Quête : Et tu redeviendras poussière

Y a des jours où on sait que la journée va être merdique. Quand on se réveille en sursaut à cause des alcoolos du bas qui s'engueulent en balançant tout le mobilier qui leur passe sous la main. Quand ton coloc t'annonce avec un grand sourire et une tasse à la main qu'il n'y a plus de café. Ou encore l'impossibilité de mettre la main sur une cigarette. Alors quand on fait un bon cocktail de tous ces éléments, on n'attend pas grand chose si ce n'est que le soleil se couche enfin.

Mais on en est loin. Et pour continuer dans les nouvelles dont je me serais bien passé, il y a d'abord eu cette silhouette qui me tombait dessus alors que je venais tout juste d'acheter un nouveau paquet de clopes. Certes ces rues ne sont pas parmi les mieux fréquentées, mais les pickpocket qui sont légion dans le coin agissent rarement une fois le soleil levé. Et ils ne laissent pas non plus une simple lettre avant de repartir. Allons bon, qu'est-ce qui va me tomber dessus cette fois ?

Je décide d'attendre de trouver le confort relatif de la pièce dans laquelle j'ai pour habitude de régler toute la paperasse "officielle" liée à l'activité qu'exerce mon associé pour prendre connaissance des quelques lignes qui me sont adressées.

Le diamant ? Bien sûr que je me souviens parfaitement du diadème qui était entré en ma possession il y a quelques temps déjà. Ainsi que de la femme à qui je l'ai vendu. Et des conditions qui ont amené à cet échange aussi, c'est vrai. Alors oui, c'est sûr que si je pouvais mettre la main sur ce caillou, je suis sûr de trouver très rapidement preneuse. Pourtant, quand je vois la ville dans laquelle il faudrait se rendre, j'ai soudain quelques doutes.

Je décide de mettre cette lettre de côté pour le moment et de me plonger dans les chiffres qui réussissent au moins à accaparer suffisamment mon attention pour que j'arrive à oublier momentanément tous ces signes annonciateurs de malheurs. Mais à un moment, on se fait toujours rattraper. Et cette fois, c'est une voix féminine, raisonnant depuis l'entrée de la boutique qui réussi à me glacer le sang. Mais surtout à me faire avaler ma salive de travers, de sorte qu'une toux violente vient achever ce tableau des horreurs.

Oh bah merde alors. Je relève immédiatement la tête de mes papiers. Il me faut quelques secondes pour remettre de l'ordre dans mes idées et éviter de m'étouffer lamentablement. Je commence par chasser le choc de cette révélation d'un fils illégitime (même si en soit, ce n'est peut-être pas si étonnant mais j'aurais préféré l'ignorer) avant de faire rapidement défiler toutes les solution qui s'offrent à moi. Il y a bien une fenêtre mais je crois que me présence est un peu cramée. Si encore j'avais une idée de la personne a qui appartient cette voix. J'essaie alors de faire l'inventaire des relations que j'ai pu avoir à plus de neuf mois. Avant de laisser tomber. Pas vraiment du fait de leur nombre, mais plus parce que finalement, cette information ne m'aidera pas à me sortir de cette situation.

Après avoir pris une grande inspiration je me relève et tente de ne pas laisser paraitre le trouble que cette annonce provoque en moi. Allez, avec un peu de chance elle va seulement me demander de l'argent. J'ouvre la porte du bureau que j'occupais, passant la moitié du corps par l'ouverture (comme si je pouvais encore faire marche arrière...) avant que mon regard ne tombe sur... Shäan ? Si le lien avec la lettre de ce matin se fait immédiatement dans mon esprit, je ne peux pas m'empêcher de rechercher plus ou moins discrètement la trace d'un marmot qui l'accompagne. Rien dans ses bras, pas plus que planqué derrière elle. Rapide calcul pour savoir à quand remonte notre rencontre en ce lieu ; non, il ne peut pas encore attendre seul dehors. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!

J'affiche pourtant un parfait sourire de façade alors que je m'avance à sa rencontre, essayant d'ignorer le sourire amusé de mon guignole de collègue. Posture droite et allure assurée qui contraste avec la maelstrom qui s'agite en moi depuis quelques minutes, je m'avance pour aller à sa rencontre et la saluer comme il se doit (ne sachant toujours pas quoi faire de cette annonce).

- "Oh, Shäan, quel plaisir de vous revoir ici. Et si... Nous discutions en privé ? Suivez-moi, je vous en prie."

Mon rythme cardiaque toujours trop élevé, je jette un regard assez évocateur à cet idiot de Rawen, de ceux qui signifient très clairement "mêle toi de tes affaires" (parce que je sais qu'il est beaucoup trop curieux), avant de retrouver un air plus poli pour guider Shäan jusqu'à la pièce où j'ai abandonné mes divers papiers un peu plus tôt. Je prends soin de refermer la porte avant de faire de nouveau face à la jeune femme, tout en entreprenant de rassembler les diverses feuilles éparpillées en une pile tout aussi bordélique mais qui donne au moins l'illusion d'être rangée.

- "J'imagine que j'aurais dû me douter de votre venue ici. Cela dit, je ne m'attendais pas à ce que vous soyez aussi rapide."

Si j'arrive à me concentrer suffisamment sur cette lettre entrée en ma possession ce matin pour orienter la discussion dans un sens où je me sens plus à l'aise, il y a toujours ce doute qui m'empêche d'être parfaitement à l'aise.

- "Vous avez l'air très en forme aujourd'hui. Qu'est-ce qui vous met d'humeur si taquine ?"

Oui, une mauvaise blague. J'ai beau garder ce même assuré en prononçant ces mots, il y a une part de moi qui prie fortement pour que cette hypothèse soit la bonne.

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Qui est l'auteur de ces lignes ? Je me suis évidemment posé la question. Et d'après ce qu'elle me dit, je ne suis pas sûr que ce soit de son côté qu'il faille chercher. Après tout, ce diadème n'est pas tombé du ciel directement entre mes mains. Et le fait de devoir aller à Warmeran me parait être un indice un peu trop clair. Mais je préfère garder ce genre de réflexion pour moi pour le moment. Je me contente donc d’acquiescer de la tête à ses paroles avant que Shäan ne se rapproche. Très près. Pas que ça me dérange, au contraire. La sensation de sa main qui se balade à sa guise est toujours aussi agréable. Ce sont plutôt ses mots qui pourraient de nouveau me poser problème.

Est-ce qu'elle ne prendrait pas un malin plaisir à se moquer de moi ? Bien sûr que je panique ! J'ai d'autres choses à foutre que de me laisser emmerder par un marmot pour les quinze années à venir ! Mais finalement, une réponse claire tombe enfin. Et une réponse qui me convient en plus de ça ! Eh bah, vu comment s'annonçait la journée, je n'aurais pas forcément parié sur une issue heureuse. Mais je ne vais pas m'en plaindre !

- "Eh bien, quelle belle déclaration. Mais faites attention, pour un peu je pourrais presque croire que vous êtes jalouse. Et... Ce ne serait pas très prudent."

La vérité c'est que ces derniers mois, entre le boulot et les nombreux voyages que j'ai eu à entreprendre, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de m'accorder beaucoup de nuits en bonne compagnie. Pour autant, je n'ai pas particulièrement envie de rétablir cette vérité et préfère largement laisser Shäan à ses suppositions. Cela dit, il est vrai que je ne suis pas le genre d'homme dont il faut espérer une relation d'exclusivité. Mais entre ses atouts physiques et son aisance avec les hommes, j'ai comme du mal à croire à ses belles paroles.

En fait, c'est assez étrange cette facilité que je peux avoir à parler affaires avec elle, tout en profitant de sa présence que je trouve particulièrement agréable. Et même stimulante. Dans tous les sens du terme. Elle a cette façon de flirter avec les limites, de jouer de son charme, et cette détermination à obtenir ce qu'elle désire qui me parlent parfaitement. Alors c'est vrai qu'envisager un petit tour dans le désert en sa compagnie n'est pas pour me déplaire.

- "Je ne sais pas si je dois aussi me sentir flatté que vous me considériez comme fourbe, mais pour le reste, je partage votre avis."

Je ne risque pas d'être vexé pour si peu non, d'autant plus que je sais pertinemment qu'elle n'a pas tort. Mais ce n'est évidemment pas cet aspect qui attire mon attention. Les lignes lues plus tôt dans la journée défilent de nouveau dans mon esprit, se complétant avec ce qu'a pu me dire Shäan depuis son arrivée. Et comme si cela pouvait m'aider à mieux réfléchir, je mets en même temps du café à chauffer (parce que ici au moins, personne ne vient me le piquer).

-"Je serais assez curieux de voir ce bijou reconstitué en intégralité. Sans compter que passer quelques jours supplémentaires en votre compagnie est une perspective qui me plait bien. Mais il est évident que notre destination n'est pas des plus paradisiaques. Les risques ne sont pas à prendre à la légère."

J'ignore si Shäan a le moindre lien avec les Scorpions, ce n'est pas comme si on nous fournissait un organigramme détaillé, mais je n'ai remarqué aucun signe qui ferait état d'une telle relation. Ce qui ne me met pas dans une position particulièrement simple à gérer. Pourtant, je ne peux pas ignorer qu'on a tous les deux reçu ces informations et qu'une collaboration parait être le moyen le plus efficace de mettre la main sur cette pierre. Sans compter toutes les autres possibilités qui peuvent être entrevues à se rendre directement là-bas.

- "Sans parler de la chaleur."

Ah oui, si j'ai du mal avec les température trop froides, je n'ai pas non plus la moindre affinité avec celles trop élevées qu'on peut retrouver à Sabliar.

Je verse le café désormais prêt dans deux tasses avant de revenir à hauteur de Shäan les mains chargées. C'est vrai que les souvenirs de sa venue en ces lieux sont plutôt agréables, alors comme on dit, quand on peut joindre l'utile à l'agréable, pourquoi se priver ? Je lui tends l'une des tasses avant de terminer le cours de ma réflexion.

- "Je pourrais être tenté d'accepter l'aventure à vos côtés, mais avant ça, dites moi. Pourquoi cette obsession à vouloir à tout prix reconstituer le diadème ?"

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- "Je vais essayer."

Je me doute bien qu'elle n'est pas le genre de femme à s'accrocher au premier homme qu'elle croise. Après tout, elle court après des rêves bien plus ambitieux qu'une simple histoire d'amour, et je crois que c'est exactement la raison pour laquelle passer davantage de temps en sa compagnie ne me déplait pas. Des rêves qui pourraient s'avérer dangereux si j'embarquais avec elle. Mais également très rentables. Oui, ça vaut peut-être le coup de risquer quelques coups de soleil.

Cela dit, je n'ai pas non plus envie que mon cadavre se mêle au sable du désert. Alors même s'il est évident que j'ai désormais très envie d'en savoir davantage sur cette mystérieuse histoire, il n'est pas question de partir sans préparation préalable. Et Shäan parait du même avis. Tant mieux. Même si j'ai eu l'occasion de voir qu'elle est plutôt douée pour l'improvisation, et qu'elle sait largement se battre quand c'est nécessaire, il ne s'agit cette fois pas de berner quelques marchands des airs ou de régler leur compte à des pirates.

- "J'aurais plutôt tendance à dire que la satisfaction dépend du butin mais... Je pense qu'il n'y a pas à s'inquiéter pour ça. Et puis, je crois que j'ai besoin de changer d'air."

L'aventure pour l'aventure, ce n'est pas forcément ce que je préfère (même si c'est toujours plus intéressant que de remplir de la paperasse dans ce bureau). Sans compter que je préfère largement passer ma journée sur les routes avec une femme ravissante, plutôt que dans une pièce qui pue le renfermé avec mon idiot de collègue. D'autant plus quand elle se montre aussi provocante. C'est vrai qu'il y avait bien longtemps que son visage n'avait pas été aussi proche du mien. J'avais peut-être oublié à quel point ses yeux sont dangereux. Mais je préfère changer de distraction pour le moment, en portant cette tasse à mes lèvres. Il y a encore quelques détails à régler.

- "On devrait voyager léger. La discrétion sera l'option la plus sûre une fois sur place. Rien qui n'attire l'attention. Il faudra faire avec ce qu'on pourra trouver dans les villes qu'on traversera. Mais, puisque j'ai cru comprendre que vous êtes plutôt habile avec une arme en main, prenez quand même de quoi vous défendre. On ne sait jamais."

J'ai toujours de gros doutes sur les réelles intentions cachées derrière cette invitation. Cette lettre pu l'embrouille à plein nez. A part un scorpion, je ne vois pas qui aurait pu nous mettre sur la piste de Warmeran. Mais j'ai toujours du mal à voir pourquoi Shäan est également impliquée. Est-ce que ça leur parait plus simple de récupérer le diadème en le faisant directement venir sur place, maintenant qu'ils ont aussi réussi à retrouver le caillou ? Et son propriétaire qui, paraitrait-il, n'a pas très envie de s'en séparer ?

- "Rassurez-moi. Vous n'êtes pas venue avec le diadème ?"

Je préfère m'ôter de ce doute avant de partir oui. Et en parlant de partir, je sors une carte d'Ezylone d'un tiroir, pour la déplier sur le bureau.

- "Je n'ai pas de monture, mais passer par la mer sera plus rapide et moins contraignant que par les terres. Et une fois à Sabliar, ils ont des chars des sables qui me paraissent être une excellente option. Surtout s''il faut traverser une bonne partie du désert. Sans compter qu'on pourra trouver à Sha'Lu tout ce qu'il faut  pour se fondre au mieux dans ce territoire."

Surtout, je n'ai pas du tout envie de me taper les montagnes gelées d'Himabaha. Le bateau, c'est plutôt planqué comme moyen de transport, surtout quand on arrive à négocier correctement le trajet.

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J'ai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi Shäan parait si contente que j'accepte de l'accompagner au beau milieu du désert. Je suis sûr qu'elle n'est pas le genre de femme à avoir besoin de qui que ce soit pour courir après ses objectifs. Et j'ai cru comprendre que reconstituer ce diadème lui tient particulièrement à cœur.

Mais je me passerais d'explication pour le moment. Parce que les semaines à venir s'annoncent beaucoup plus excitantes que les dernières que j'ai passées en grande partie à la Technopôle. Et si on s'en sort bien, beaucoup plus rentables ! Alors finalement, je rejoints son avis. Régler les détails d'organisation dès maintenant pour s'en débarrasser au plus vite.

- "Je vais finir par croire que vous aimez particulièrement vous faire passer pour une femme que vous n'êtes pas."

Je réponds sur un ton légèrement joueur, me rappelant un peu trop cette virée dans le ciel de la Technopôle lors de notre première nuit ensemble. Oui, ce genre de plan lui vient un peu trop spontanément j'ai l'impression. Mais une fois de plus, ce genre de détail ne risque pas de me freiner.

- "Alors va pour la charrette. Après tout, c'est vous qui connaissez le mieux votre monture."

Ce n'était sûrement pas pour ménager la bestiole que je proposais le char. Alors si j'ai plutôt tendance à préférer jouer les hommes bien nés (ce qui n'est pas faux non plus mais surtout parce que c'est beaucoup plus compatible avec mon caractère), je devrais pouvoir faire un effort pour cette fois. Et avec un peu de chance, on ne croisera pas grand monde sur ces terres arides.

Au moins, il semblerait qu'on soit raccord sur le point le plus important. Pas de diadème en transit. Bon, Shäan ne parait pas super bien prendre ma remarque. Dommage, parce que après cette jambe dévoilée de façon un peu trop sexy, je n'étais pas forcément d'humeur à me prendre ce vent froid en pleine face. Tant pis. Ça m'apprendra peut-être à essayer de faire preuve de plus tact à l'avenir. Ou pas. En attendant, je trouverais bien un moyen de me rattraper plus tard. Sans compter que j'accepte déjà de l'accompagner !

Je termine mon café pendant que Shäan termine d'évoquer les plans qu'elle a déjà en tête. C'est agréable de faire équipe avec quelqu'un capable de réfléchir.

- "Je vois que vous avez hâte de partir chasser votre nouveau trésor. C'est agréable à voir. Cela étant, j'ai encore pas mal de détails à régler ici avant de pouvoir partir et me concentrer totalement sur notre prochain objectif, alors, il va falloir que je m'y remette au plus vite. Mais ne vous inquiétez pas, nous aurons notre accès à la mer pour demain."

C'est à dire que je n'avais pas franchement prévu ce scenario. Et ça devient de plus en plus difficile de disparaitre du jour au lendemain sans donner d'explication ni de directives pendant mon absence. Je n'ai pas forcément envie de que certains se mettent à ma recherche... Heureusement, ce n'est qu'une fois la nuit tombée que les matelots sont les plus simples à convaincre. Lorsqu'ils sont déjà éméchés et qu'il suffit de leur tenir compagnie et remplissant leur verre avant qu'il ne se vide.

- "Vous avec un endroit sûr où passer la nuit ?"

Parce qu'un parfait gentleman ne se contente pas de dire "à demain". Cela dit, un parfait gentleman se tiendrait probablement à une distance plus convenable de la femme à qui il pose la question et surtout, il s'abstiendrait de faire glisser une mèche de cheveux qui ne lui appartient pas entre ses doigts. Je suis bien content de ne pas être parfait.

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Est-ce qu'elle n'est pas adorable, à la fois si froide et pourtant loin d'être totalement fermée ? Ça va, ce n'est pas la première fois que je peux contrarier quelqu'un à l'aide de simples mots, je suis sûr qu'elle s'en remettra. De toute façon j'ai certaines priorités plus importantes qu'un égo froissé si on veut pouvoir quitter cet endroit au plus vite. Et je ne suis pas le seul à avoir un programme chargé.

Sans que je n'ai le temps d'ajouter quoi que ce soit, la tornade brune disparait de la pièce aussi subitement qu'elle y est apparue. Pour sûr que je ne risque pas de m'ennuyer les jours à venir ! Mais avant ça, il y a d'autres tâches beaucoup plus rébarbatives qu'il va me falloir terminer. Et c'est donc avec une retombée brutale de motivation que je me replonge dans toute cette paperasse. Je prépare également quelques missives à destination des personnes avec qui je collabore actuellement de façon bien moins officielle. Il m'aura encore fallu quelques heures et plusieurs cafés pour venir à bout de ce programme ambitieux, avant de pouvoir enfin quitter les lieux, direction les quais.

La nuit n'est pourtant pas bien avancée, mais comme prévu, trouver des matelots prêts pour les négociations (comprendre par là qui doivent être sur terre depuis suffisamment d'heures pour ne déjà plus tenir bien droit) n'est pas très compliqué. Et il faut croire que je commence à avoir un peu trop l'habitude de ce genre d'exercice, puisqu'il me faudra tout juste une heure pour nous assurer une embarcation à la levée du jour dès le lendemain, direction Sabliar. Et vu le nombre de moussaillons qui gravitaient autour de leur capitaine, on devrait éviter la vieille barque qui prend à moitié l'eau et qui file le mal de mer.

Bien, il ne reste donc plus qu'à trouver de quoi nous ravitailler pour la soirée. Il y a bien quelques vivres qui trainent chez moi mais outre le fait que je ne vive pas seul, on ne peut pas dire que ce qu'on y trouve ait une autre vocation que de rassasier un estomac vide. Non, pour ce soir je n'ai sûrement pas envie de me contenter de quelques rations sans aucun goût et à l'aspect douteux.

Je profite d'être sur les quais pour faire un arrêt dans l'un des nombreux entrepôts qui servent à réceptionner les marchandises alimentaires. Pas forcément que ce soit officiellement ouvert à cette heure-ci, mais en insistant un peu, il y a toujours quelqu'un pour venir vous ouvrir. Tant qu'on a de quoi payer évidemment. L'avantage c'est qu'on ne peut trouver de produits plus frais sur cette partie du territoire (à un prix décent). L'inconvénient, c'est qu'on dépend des arrivages. Mais coup de chance, ce soir il y a du choix. Un morceau de viande, quelques légumes et pommes de terre, il y a même du raisin (et j'ai toujours eu un faible pour ce fruit). Je n'aurais pas la prétention de dire être un grand cuisinier, mais mes origines et une partie de mon éducation m'ont permis de me débrouiller honorablement avec de tels produits entre les mains.

Désormais acquitté de l'intégralité de mes tâches, je peux revenir vers le magasin l'esprit tranquille. J'y trouve évidemment Rawen, toujours présent et visiblement impatient de me raconter ce qui s'est passé en mon absence. Comme je l'ai bien assez vu pour la journée, je l'incite à terminer sa journée avant qu'il n'ait le temps d'enchainer avec des questions plus personnelles. Et je fais bien, puisqu'il passe tout juste la porte que quelques secondes plus tard, c'est Shäan qui fait son apparition.

- "Alors, les marchands de la Technopôle ont-ils su répondre à vos exigences ?"

Tout en entamant la conversation pour savoir quel est le résultat de ses emplettes de la journée, je l'invite à reprendre le chemin vers l'extérieur. C'est que je n'ai pas particulièrement envie de passer plus de temps que nécessaire entre ces murs que j'ai bien assez vu pour la journée. Ce qui me permet de verrouiller les lieux avant de la guider en direction de l'appartement que je loue. Avec un peu de chance, les trois hurluberlus avec qui je partage les lieux ne seront pas là. Entre les deux qui "bossent" de nuit et le troisième qui passe son temps à vagabonder une fois le soleil couché  l'espoir est permis. C'est que je ne les ai pas vraiment habitués à ramener qui que ce soit et une fois de plus, je me passerais bien des questions inutiles.

- "Pour ma part, ce début de soirée a été plutôt concluant. Nous avons notre billet pour Sabliar et de quoi faire un dernier vrai repas avant de devoir compter les rations !"

Après plusieurs minutes passées à arpenter les quelques rues du quartier tout en faisant le point sur nos avancées respectives, nous arrivons finalement devant le bâtiment dans lequel on va pouvoir passer une dernière nuit avant de quitter la Technopôle pour un bon moment. Une façade passe partout, qui n'a rien pour retenir l'attention, ce qui dans cette partie de la capitale est en fait plutôt très positif en comparaison des nombreux murs délabrés que l'ont peut trouver un peu partout.

Une fois la porte d'entrée passée, je guide Shäan de l'autre côté de la cour avant de monter jusqu'au cinquième et dernier étage. C'est sûr qu'après une journée qu'elle a dû passer à marcher, ce n'est sûrement pas ce qu'il y a de plus reposant, mais je n'ai pas mieux à proposer. Heureusement, une fois la porte d'entrée passée, on se retrouve bien seuls pour profiter des lieux. Le point négatif, c'est que la pièce principale qui s'offre immédiatement à nos yeux, comprenant ce qui doit ressembler à un salon et un coin cuisine, est particulièrement bordélique. Il y a des jours où c'est mieux que d'autres mais là, même moi j’espérais qu'ils aient laissé les lieux un peu mieux organisés. Avec un léger soupire de dépit, je tente tout de même une justification.

- "La vie en communauté force à une certaine indulgence... Si vous voulez vous débarrasser de vos affaires, vous pouvez les déposer dans ma chambre. C'est la porte au fond à gauche. Et elle est en bien meilleur état, ne vous en faites pas."

Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai effectivement changé les draps le matin-même (ce n'est pas comme si j'avais eu un moyen de prévoir tous les chamboulements de cette journée) mais il faut admettre que j'ai toujours eu un léger penchant maniaque. Même si la vie m'a obligé à revoir mes exigences à la baisse, l'avantage de disposer d'un espace privatif sans intrusion de rustres aux modes de vies douteux, c'est bien qu'ils n'y mettent pas les pieds !

Je dépose mes différents achats dans la cuisine en vu d'être préparés sous peu, et attend que Shäan se soit un peu plus mise à son aise, pour finalement la guider vers un endroit plus adéquat pour recevoir de la visite.

- "Et il y a de toute façon une terrasse qui est bien plus intéressante et confortable pour ce début de soirée. Idéale pour profiter d'un verre en attendant que le repas soit prêt."

Évidemment, le repas ne va pas se faire seul, mais je compte bien commencer par m'offrir un petit temps de répit avant de me lancer en cuisine. Je pousse la porte qui donne accès à cet espace extérieur perché à plusieurs dizaines de mètres du sol, révélant une terrasse largement assez grande pour une table basse et quelques fauteuils relativement anciens mais très confortables. Et eu moins ici, il n'y a rien qui traine.