Papillonner | Nao

    Accrochant mon carquois et mon arc à mon épaule, je fis signe de la tête à Wanlia pour lui dire au revoir. La blonde aux yeux améthystes me fixait avec intérêt et une colère non dissimulée. Apparemment, elle m'en voulait encore de notre dispute : la cheffe de notre petit village n'appréciait pas qu'on ne soit pas d'accord avec elle... et malheureusement, c'était ma spécialité de la contredire pour calmer ses ardeurs. Elle avait décidé de tuer sans sommation les étrangers pour la sécurité du camps, j'avais évidemment refusé cette idée enfin cet ordre. J'étais d'accord pour la méfiance, pour nous protéger mais faire ça revenait à partir en guerre contre le reste du monde. Et à mes yeux, ça ne nous mettrait pas en sécurité, bien au contraire.

    Les autres filles me regardaient avec une légère crainte, d'autres n'osaient même pas poser les yeux sur moi. Aucune ne voulait prendre part à ce conflit entre la cheffe et l'une de ses subordonnées, certaines pensaient que Wanlia me ferait exiler ou tuer, d'autres se demandaient pourquoi la patronne ne se contentait pas d'appliquer ses idées avec ou sans mon avis. Elles l'ignoraient, mais Wanlia, malgré son caractère, appréciait ma présence et mon jugement. Parfois, elle se savait trop impétueuse et comptait justement sur moi. Je comptais donc partir chasser pour me changer les idées et lui laisser le temps de réfléchir aussi. Qui sait, à mon retour, elle aura peut-être changé d'avis ? Ou alors, elle aura mit en place son plan d'action et une autre dispute éclatera entre elle et moi. Je n'avais nullement envie que tout ceci prenne des tournures de politiques, de guerre froide où nous devrions avoir nos partisans pour tenter de prendre possession du pouvoir afin de décider de tout. J'avais dans l'espoir qu'on parvienne à cohabiter et appliquer des lois, Wanlia, Elena et moi. Sauf qu'Elena préférait bien souvent se ranger du côté de la blonde pour ne pas prendre de risque...

    Bref, tout ceci m'avait bien gonflé et j'avais besoin de me dégourdir les jambes, de me vider la tête : pouvoir sortir et me promener, n'avoir de compte à rendre à personne. En quelques minutes, je m'étais déjà bien éloignée du village des amazones. Dévalant un petit sentir où je pouvais y sentir diverses odeurs de fleur, de terre et d'écorces. Un sourire apparut sur mon visage, involontaire mais trahissant mon plaisir à être libre. Je fis alors une halte pour regarder les alentours, voir ou sentir une présence animale ou d'une autre créature. La jungle était calme. Mon attention se posa sur un papillon qui venait d'apparaitre au détour d'un arbre. Il se posa sur une branche. Les couleurs de ses ailes étaient vraiment belles : la nature avait toujours quelque chose de nouveau et de beau à apporter surtout sur ces terres...

    Je continuais d'observer ce papillon avant de voir un arbre bouger. Non, ça devait être une branche à cause du vent ou mon imagination. Mais à bien y regarder, si, de l'écorce bougeait : une créature humanoïde et végétale venait d'apparaître à la poursuite du papillon, cette chose ne remarqua pas de suite ma présence puis quand ce fut le cas, elle se contenta de m'observer, sans bouger, sans parler ou émettre le moindre son.

    Ma main était crispée sur mon arc encore en bandoulière, devais-je le dégainer pour attaquer ? Devais-je essayer de lui parler ? Voilà un moment que je n'avais pas croisé de sylvains et je ne savais pas trop quoi faire dans ce genre de situation... Reste qu'opter directement pour l'affrontement, ne me semblais pas être la meilleure des options. J'essayais souvent de faire comprendre à Wanlia qu'elle devait être plus diplomate, il serait bien aussi que j'en fasse autant.

    Je relâchais lentement mon arc pour faire signe au sylvain et le saluer. Espérant lui montrer ainsi mon absence d'animosité. Je devais savoir pourquoi il était dans le coin : notre village aurait attirer son attention ? S'il en parlait aussi à quelqu'un, ça risquerait d'attirer du monde, ce qui n'arrangerait pas non plus nos affaires... J'avoue que l'option de l'affronter me semblais plus simple : un mort n'a rien à raconter.
    – Salut, ça va ?
J'arrivais à sortir ça presque nonchalamment alors que je réfléchissais à quoi faire de lui : le tuer, l'ignorer ou en faire un allié. Il me fallait avant tout évaluer le danger et peut-être que je m'inquiétais pour rien, le monde ne veut pas absolument notre mort, même si jusqu'à présent, il envoie pas mal de signaux dans ce sens...

    Je m'avançais doucement vers lui, sans faire de geste brusque pour ne pas éveiller sa méfiance et éviter que la situation dérape.
    – Je m'appelle Noa, enchantée.