FB : Engagez-vous qu'ils disaient ! ; Pv Dého

- « C’est quoi ce bordel… ? »

- « Il se fout de notre gueule, c’est ça ?! »

Colère. Incompréhension. Indignation. Déception. Alors qu’il n’était encore que cinq heures du mat et qu’il faisait encore bien sombre un peu partout à Mystarcia, la caserne des crocs, elle, était déjà en effervescence et pas qu’un peu. Toutes les nombreuses recrues ou presque du corps d’arme s’étaient agglutinées devant une grosse pancarte plantée face au bâtiment principal d’la caserne. Pancarte qui leur délivrait un message particulier d’ailleurs, mais somme toute sans équivoque. Ça jouait très gros pour l’coup. Du moins pour les pauvres lecteurs.

Thelios Vorroll a écrit:

Avis à toutes les recrues.

Ce jour était censé être jour de joie ! Le jour même de votre passage de recrues à soldats…

Mais pour dire vrai, c’est chiant ! C’est toujours la même chose ! On va changer les règles du jeu pour cette année ! Vous voulez devenir soldats hein ? L’affaire est simple !

Trouvez-moi dans la ville et défiez-moi ! Si vous réussissez à me porter un coup qui me saigne, vous passez ! Pas la peine de chercher la victoire, ce n'est pas comme si vous pouviez me battre de toute façon !

Vous avez toute une semaine pour ça ! Ça à l’air beaucoup vu comme ça, mais bon courage pour me trouver, hahaha ! Ne vous en faites pas, je ne bougerais pas de la ville et je ne me déguiserais pas ! Fair-play oblige !

Je tiens aussi à préciser que tous vos maitres d’armes ont approuvé ce test ultime ! Inutile d’aller pleurer dans leurs jupes, hahaha !

Par contre, petite difficulté supplémentaire : Me rechercher ne vous dispense pas de faire votre job dans toute la ville ! J’ai d’ailleurs mobilisé pas mal d’observateurs tant civils que dans l’armée pour m’en assurer ! Vous serez donc épiés et vos faits et gestes complètement décortiqués et analysés !

Hauts les cœurs et bon courage les jeunots !

Votre commandant adoré qui vous aime !

La lecture d’la pancarte plutôt surréaliste pour ces gosses qui pensaient enfin avoir passé l’plus dur, s’termina par une signature des plus atypiques : on pouvait voir ma sale gueule grossièrement dessinée avec un sourire moqueur aux lèvres, un clin d’œil malicieux, effectuant par-dessus tout un V d’la victoire. D’quoi rendre fou la plupart des recrues qui s’mirent à gueuler sale, à hurler leurs ras-le-bol, ou même à chialer en s’laissant tomber au sol, dépités. La cérémonie officielle d’promotion d’toute une génération tombait à l’eau.

- « Mais qu’est-ce qu’il croit ce fils de pute ?!!! »

- « Si on le retrouve, on le fume direct ! »

Des cris d’auto-motivation fusèrent aussitôt et la déception laissa place à une volonté d’réussir !

D’quoi promettre monts et merveilles pour la semaine à venir !

***

Ou pas, en fait.

Parce que trois jours plus tard, personne n’avait réussi à m’trouver ! Aucune recrue. S’ils avaient été chauds dès l’début, l’fait d’faire un bide dans leurs recherches les avaient quasiment tous mortifié pour la plupart. Ça recommençait à chialer pour certains, tandis que d’autres avaient lâché l’affaire tout bonnement. Les plus téméraires continuaient d’faire des rondes dans la ville, sans plus vraiment y croire. L’affaire semblait pliée pour tout l’monde et les nombreuses injures et malédictions qu’on m’adressait n’avaient jamais été aussi nombreuses !

Cependant, il eut une lueur d’espoir…

Au soir du quatrième jour, j’avais enfin fait mon apparition en pleine terrasse, non loin des marchés animés. Vêtu d’une chemise fleurie aux motifs mystarciens déboutonnée, d’une sorte d’bermuda et des sandales qui allaient avec, j’étais en train d’siroter un cocktail, tout en lisant insouciamment un journal. L’une des recrues qui passaient par là m’vit et se hâta d’aller informer ses autres copains pour très certainement organiser une grosse déferlante groupée sur ma tronche. J’aurai pu m’tirer tranquillement après son retrait…

Mais j’avais clairement envie d’voir c’qui allait s’passer…

Et qui allait m’tomber sur la tronche en preum’s !

Surtout que j’les avais fait bien baver en jouant à cache-cache les premiers temps.

P’tit coup d’pouce d’leur commandant, quoi.

- « Woah… »

Dire que je m’étais attendu à ça serait un gros mensonge, vraiment. J’pensais pas qu’une élève pouvait autant se faire détester par ses potes d’promo. C’était vraiment quelque chose d’surprenant, si bien que les autres étudiants semblaient avoir perdu d’vue l’objectif de ce petit test : essayer d’me saigner bien comme il faut sans se soucier du sort des autres. Il apparaissait donc clairement que cette petite voyou qui m’faisait face et qui voulait en découdre était à peu de chose près l’une des meilleures d’sa génération -si l’on excluait son côté tête brulée très apparent. Un potentiel intéressant qui m’arracha un sourire alors que j’me levai nonchalamment alors qu’elle chargeait…

D’ailleurs, ladite charge était plutôt prévisible. Sa fougue était une bonne chose pour un soldat. Cependant, l’inexpérience qui allait avec ne lui rendait absolument pas service, même si on pouvait clairement mettre ça sur le compte de son jeune âge. D'ce fait, plutôt que de dégainer mon épée et connaissait très bien le style d'son mentor, j’empruntai l'plateau en métal d’une jeune serveuse qui passait par là (avec le sourire aux lèvres bien évidemment), puis j'contrai aisément l’coup d’estoc qui avait clairement pour but d'me charcuter le flanc, rien que ça ! L'choc qui en résultat m’surprit tant et si bien que j’écarquillai les yeux pendant quelques secondes, avant d’reprendre mon maintien habituel.

- « Eh ben ! C’est que t’as d’la force pour une gamine à peine sortie du berceau ! »

Néanmoins, elle avait encore du chemin à faire pour atteindre mon niveau, logique oblige. Sur ce constat, j’la repoussai violemment à l’aide du plateau que j’avais en main et qui s’était légèrement déformé à cause de la pointe de l’arme d’la gosse. La serveuse s’en offusqua, mais un petit sourire acheva d’la calmer. Quant aux clients sur la terrasse, ils n’comprenaient pas c’qui s’passait et avaient un peu peur. C’est d’ailleurs à cause de ça que j’comptais m’déplacer un peu plus vers l’centre du marché bien dégagé pour d’bons affrontements, sauf que voilà : l’destin était plus que farceur. Ou parfois accommodant. Mais dans pareille situation, on pouvait dire que ça dépendait des points d’vues.

« AU FEUUUUU !!! »

Une voix, ou plutôt des voix criardes s’firent entendre depuis une allée voisine d’où une fumée s’dégageait et prenait d’plus en plus d’épaisseur, synonyme d’un incendie bien réel. L’incident eut pour effet d’ébranler certains apprentis qui furent aussitôt tiraillés par l’besoin d’voir Déholia s’faire massacrer d’un côté, tenter crânement leur chance eux-aussi en essayant d’me toucher de l’autre ou enfin, aller aider à éteindre l’feu. Au bout d’une poignée d’secondes, certains firent l’choix d’foncer vers les lieux où l’feu gagnait en intensité, tandis que d’autres étaient paralysés sur place, n’sachant quoi faire. Quant à moi ? J’tirai la langue vers mon adversaire du soir, non sans secouer mon bouclier improvisé dans tous les sens.

- « Alors, qu’est-ce que t’vas faire ma p’tite Dého ? T’vas aider les pauvres civils qui ont besoin d’aide ou t’vas continuer à vouloir m’saigner ? »

Provocateur, moi ? Si peu.