[Halloween] Un plan sans, et à crocs [Zei]

Mahal offrit un regard en coin à N'a-qu'un-Oeil, suivi d'un rictus amusé :

- Héhé... tu prêches un converti. Si plus des nôtres pensaient comme toi, on rigolerait beaucoup plus... les bipèdes nous kifferaient moins aussi...

Il dépassa une commode au look tarabiscoté et posée au beau milieu de la salle, contourna un vase aux motifs floraux - résista une seconde à sa curiosité de sauter dessus pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur - et esquiva un tapis qu'il savait susceptible de lui coincer les griffes.
N'a-qu'un-Oeil lui confirma qu'il était familier des endroits de ce style, il ne put retenir une exclamation d'orgueil :

- Ha ! Je m'en doutais !
J'avoue avoir moins l'habitude... mon territoire est plus en pierre, et en papier, hmmm... tsah ! A quoi ça sert tout ce bordel ? Quel tordu s'amuserait à garder tout ça comme ça, sous verre ?
Les bipèdes, des fois, je pige que dalle à leurs délires...

C'était la frustration qui parlait pour lui.
Son enquête durait depuis un moment, sans aucun résultat. Il aurait dû s'y attendre, mais sentir doucement l'espoir s'envoler de trouver quelque chose d'Antimagia dans cette bâtisse... c'était pénible, pour rester poli.
Avec un balancement agacé de sa longue queue, il jeta un oeil vers l'entrée officielle pour vérifier que le planton était bien à son poste, bouquin à la main. Puis Mahal se détourna des étagères et leur "trésor" pour se rapprocher de la partie employés de cette étrange boutique.
Il s'apprêtait à sauter sur la chaise derrière le comptoir lorsque N'a-qu'un-Oeil lui demanda directement ce qu'il cherchait. Le chat noir s'arrêta une seconde, incertain de ce qu'il pouvait répondre.

- Disons... que des bipèdes pas cools se la jouent guerre de clan avec les bipèdes qui occupent généralement mon territoire, et que s'ils gagnent, ce sera le dawa pour moi aussi. Alors, je les cherche... en gros.

Si Antimagia faisait fermer l'école à force d'attentats, son territoire se verrait privé de tous les livres et du savoir auquel il pouvait avoir accès par le biais des bibliothèques et des cours. Quelle catastrophe, pour lui ! Et pour les élèves, bien sûr. Et les professeurs. Et la Directrice...
Mahal bondit finalement sur la chaise, et se retrouva à hauteur du bureau camouflé par le comptoir. Il y découvrit un livre qu'il ouvrit d'un coup de museau et de patte, malgré ses instructions plus tôt à N'a-qu'un-Oeil de ne rien toucher.
Des lignes d'adresses... des nombres... des détails sur certains objets... dimensions... poids... provenance...

- Hmmm... tout semble en ordre... pourtant...

Il avait la sensation que quelque chose clochait. Cela ressemblait fort à une boutique, qui vendait certes des trucs bizarres, mais une boutique tout à fait normale. Du peu qu'il pouvait en juger.
Pourtant... il y avait quelque chose qui lui titillait les moustaches. Une impression de méfiance diffuse, comme une odeur désagréable qui se serait dissipée sans totalement disparaître. Quelque chose ne lui plaisait pas dans cette boutique.
Est-ce que, par hasard, il avait rencontré le propriétaire des lieux, à un moment ? Son museau aiguisé - mais pas trop, il était un chat, pas un limier, après tout - faisait un lien entre une odeur infinitésimale et une rencontre désagréable ?
Le chat noir plissa les yeux dans le vague, pour se lécha une patte pour se donner contenance avant de lancer à N'a-qu'un-Oeil pour se changer les idées :

- Dis... tu as causé d'un sortilège tout à l'heure, non ? T'es sûr de pas vouloir en parler un peu ? Non, parce que je connais un ou deux bipèdes qui pourraient aider sur ce genre de truc.

Une des oreilles de Mahal tiqua de façon comique à la surprise de N'a-qu'un-Oeil en entendant parler de papier, mais il ne précisa pas plus ce qu'il voulait dire par là. Il se savait suffisamment considéré comme un original auprès de ses congénères, pour ses loisirs de lecture et ses fréquentations, alors il n'avait pas envie d'en faire trop étalage.
Il n'était pas certain que ce soit pertinent, de toute façon.
Le chat noir décida de répondre à son comparse sur les autres sujets à la place :

- Oh mais les bipèdes de mon coin m'ont déjà mis au parfum, t'inquiètes. Seulement, c'est devenu une chasse aux rats bien planqués dans toute la ville depuis. Je suis pas le seul sur le coup, mais comme les bipèdes font pas attention à nous autres, j'ai mes chances.
Enfin, ça, c'est la théorie...

Agitant négligemment le bout de sa queue, il sauta de sa chaise en réagissant à ce qui sonnait presque comme un reproche :

- Les bipèdes sont divertissants, et j'aime bien les observer c'est tout. Je les aide pas gratis, et leur gueguerre menace mon territoire alors...

Si l'Académie de magie fermait à cause des frasques d'Antimagia, il perdrait d'un coup tous ses accès à toutes les connaissances contenues dans l'école. Et comme en plus les idéaux et objectifs d'Antimagia semblaient bien contraire à tout ce en quoi il croyait, lui, il voulait bien se mêler un peu des affaires des bipèdes si ça permettait de les calmer !

Il se dirigeait vers les premières marches d'un escalier menant à l'étage supérieur - sûrement les appartements personnels du proprio, qu'il avait bien envie d'aller visiter aussi - lorsque N'a-qu'un-Oeil lui expliqua sans détails ce qu'il cherchait.
Intrigué, Mahal s'arrêta pour observer son comparse.

- C'est pas banal comme vengeance... tu as fait quoi pour être ciblé comme ça ?
Hmmm... dans le quartier je connais pas trop... à part la vieille Justinienne, qui fait toutes sortes de remèdes zarbs avec des plantes et des fruits de mer. Mais elle est encore plus zarb que ses salades. Pas sûr que ses trucs soient vraiment magiques, et puissent t'aider sur ce que tu cherches.
Sinon... mais c'est un peu plus loin... il y a un prof à l'Académie qui est une pointure dans les malédictions. La théorie, en tout cas. Il a un melon tel qu'on se demande comment il passe les portes, mais il est pas insensible au charme félin, si tu peux lui faire le grand jeu et que je te sers de traducteur, y'a des chances qu'il puisse aider.
C'est toi qui vois.

Mahal balaya la remarque sur le danger de son implication d'un revers de queue, l'équivalent du haussement d'épaules d'un bipède, s'il comprenait leurs manières.
Il s'impliquait à la demande de la Directrice dans cette affaire avec Antimagia, et car les gougnafiers de cette secte anti-magie mettaient en péril là où il vivait. Et son statut particulier le rendait plus apte à enquêter sans trop éveiller les soupçons, bien qu'il se demandait quoi chercher exactement, la plupart du temps.
Il n'était qu'un chat, après tout...

N'a-qu'un-Oeil restait à peine moins vague dans son explication. Il donnait tout juste assez de détails pour titiller la curiosité de Mahal. Ce qui était déjà mieux par rapport à un peu plus tôt. C'était bon signe, et le chat noir se décida à rester patient, au moins jusqu'à ce qu'ils arrivent devant le professeur es mauvais sorts, puisque c'était l'option choisie par le greffier borgne.

- Je te comprends. Rien que l'odeur autour de l'atelier de cette herboriste... bref, j'aimerais juste jeter un oeil rapide à l'étage, et après on décarre.

Mahal bondit dans l'escalier, gravissant les marches étroites en vitesse, faisant tout juste attention à ne pas faire trop de bruit, et prit le temps d'inspecter la porte fermée qui bloquait l'accès à l'étage. Il se mit sur ses deux pattes arrières, appuyant de tout son poids contre le battant...
Qui ne bougea pas.
Mais il s'y attendait, alors il ne fut pas vraiment déçu.
Pourtant, des fois, ça marchait.
Il leva la tête, bondit et s'agrippa à la poignée, faisant jouer le mécanisme... mais la porte ne s'ouvrit pas plus.
Verrouillée.
Mahal se laissa retomber dans les marches.

- Hmmm... fermé... et mes griffes aideront pas pour cette serrure. Tant pis.

Il était un poil déçu, mais se fit finalement une raison en se disant qu'il pourrait toujours passer dans les environs de temps en temps pour voir la tête du propriétaire à son retour, et aviser à ce moment.
Mahal rejoignit le rez-de-chaussée et N'a-qu'un-Oeil, prêt à "décarrer" comme il l'avait dit plus tôt.
Avec un dernier coup d'oeil au garde toujours assis sur sa chaise dehors, le chat noir se dirigea vers la réserve qui leur avait servi de point d'entrée.

- Voilà, nickel. Rien de déplacé, pas de traces, rien qui pourrait laisser penser qu'on est entrééééééééés et merde... je l'avais oublié celui-là.

Le crâne brisé par son acrobatie semblait le narguer de toute sa mâchoire inférieure, dépassant de son carton qui n'avait rien à faire par terre.
Mahal n'hésita pas longtemps. Après avoir observé le crâne une seconde, il s'avança et se contenta de pousser le carton en question jusqu'à le plaquer contre son étagère d'origine.

- Ça vaut pas trop le coup de s'en occuper, désolé Yorick.

Puis, se retournant vers N'a-qu'un-Oeil :

- Il y a quelque chose que tu voulais voir dans ce terrier de bipède ? Sinon on ressort et direction l'Académie.