[Initiation Noa] Loup y es-tu ?

    Le soleil s'était levé depuis quelques heures et j'étais sur les traces d'un troupeau de kokettes. J'avoue, ce n'était pas une traque très difficile, on repérait leurs plumages de loin mais je ne cherchais pas la difficulté : j'avais besoin de plumes pour les flèches et personne ne cracherait sur de la viande. J'avançais parmi les hautes herbes encore couvertes par la rosée du matin sans faire de bruit. Mon pantalon quant à lui, était trempé, me collant aux cuisses avec une sensation froide à faire frissonner.

    Je longeais la rivière en suivant les traces des animaux, espérant pouvoir en tuer un grand nombre rapidement pour rentrer rapidement. Quoi ? J'avais froid, je rêvais d'un bon bain chaud et j'avais passé la nuit dehors... Je grimpais alors sur un rocher pour prendre un peu de hauteur, bandant mon arc pour cibler une première kokette. Un individu surgit alors des fourrées comme un dératé et fit fuir en un instant le troupeau dans un battement d'ailes et de becs. Putain de... Bref ! Le jeune homme me remarqua, leva les mains et avança prudemment dans ma direction alors que j'avais mon arc braqué sur lui. Une tenue des recrues de Jañgala sur le dos, un bâton en guise d'arme, une chevelure blonde et des yeux bleus : c'était un gosse. À tous les coups, il s'était perdu et espérait que la gentille demoiselle vienne à son aide. Ou alors, c'était un traquenard et ses alliés n'étaient pas loin, prêts à me bondir dessus ?

    Il brailla alors dans la clairière, indiquant à toutes mes proies potentielles de fuir. Il implorait de l'aide, il parlait d'un entrainement puis bafouilla. Mon bras tenant la corde se détendit un peu pour ne pas s'engourdir mais je le tenais toujours en joue : on est jamais trop prudent. Lui et ses amis ou plutôt ses compagnons d'armes, j'imagine, avait été attaqué par Terabithia. Ils s'étaient réfugiés dans une grotte car il y avait plusieurs blessés et ils n'osaient pas sortir. C'est donc ça le fleuron de l'armée ? Dire que nous, on avait profité de la situation pour provoquer une révolte. Bon d'accord, je n'avais pas fais la guignole en voyant la chimère et je nous pensais toutes mortes mais bon, on avait eu de la chance. Du coup, le gamin disait que comme il était le plus rapide, et sûrement pas blessé surtout, il était parti chercher de l'aide car ils craignaient le retour de Terabithia.

    Et quoi ? Il espérait que je l'aide ? J'avais la tête d'une chamane, herboriste ou quelconque soigneuse ? J'étais une chasseresse, mon métier c'était de tuer, pas de sauver des vies. Je ne pouvais rien pour lui et ses amis.
    – En quoi pourrai-je t'aider ? Je possède bien quelques bandages et cataplasmes mais rien de suffisant pour un régiment en vadrouille.
J'avais décoché et rangé ma flèche. Je bondis alors de mon perchoir pour retourner sur la terre ferme m'approchant du jeune soldat pour mieux l'étudier. Je ne voyais pas vraiment ce que je pouvais faire pour lui. Le ramener lui ou ses compagnons au village n'était même pas envisageable. Emmener une soigneuse pour les aider ? Pas sûre qu'une veuille me suivre pour aider des inconnus, des hommes qui plus est. Mes choix étaient plutôt limités, avouons le.

    Poussant un soupire, je repris une flèche de mon carquois pour l'encocher tout en fixant le gamin.
    – Très bien. Je veux bien venir mais je ne promet rien. Passes devant et au moindre faux pas de ta part... je posais les yeux sur mon arc avec insistance. C'est clair ?

    Être menacé par une pointe de flèche ne semblait lui faire aucun effet. Plus je le regardais et plus je ne voyais qu'un gosse apeuré qui pleurait pour retrouver les jupes de sa mère. Bon, la comparaison était un peu méchante car il n'était pas si jeune, mais vous avez l'idée générale. Si tout ceci n'était qu'un traquenard, il méritait que je me fasse avoir face à son jeu d'acteur incroyablement bon. Je poussais un soupire tout en l'écoutant dire qu'il ne voulait pas que j'affronte la Chimère, heureusement d'ailleurs. Il enchaina sur des compliments à mon égard sur mes talents à la chasse. Il voulait que je surveille les alentours car après le passage de la louve, d'autres créatures suivraient l'odeur du carnage. Il n'imaginait pas à quel point... et les pires de ces créatures auront l'apparence humaine : des pillards à la recherche de ressources, de plantes rares, de pierres précieuses ainsi que de survivants à soumettre en esclaves. Tout ceci me rappela de douloureux souvenirs. Pendant ce temps, le gamin se flagellait à dire que tout était de sa faute car il avait convaincu les autres de sortir s'entrainer malgré les avertissements.

    Je le laissais parler sans rien dire, je n'avais pas de commentaires à faire : sortir dans la jungle était risqué, avec ou sans la présence de Terrabithia. S'ils ne s'étaient pas préparés, ils étaient tous coupables et pas que lui qui avait suggéré cette virée. Je le suivi alors parmi la végétation, malgré son manque d'expérience il parvenait à trouver des repères de son passage comme ses empruntes dans la boue. Il jetait des coups d’œil à des souches ou des cailloux sûrement pour se remémorer le trajet.

    Un spectacle de désolation que j'avais déjà vu plusieurs fois, se dessina devant mes yeux : arbres arrachés et éclatés, des monticules de terre retournés. C'était bien l’œuvre de la louve, pas de doute là-dessus. J'apercevais déjà des plantes fleurirent ici et là.
    – L'attaque a eut lieu quand ? Il n'y a pas que les créatures sauvages qui sont à craindre. Sais-tu ce que sont les chasseurs-cueilleurs ? Certains n'en veulent qu'à ce que laisse Terrabithia sur son passage mais d'autres détroussent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage. C'est surtout de eux qu'il faudra vous méfier.
Il ne semblait pas trop m'écouter, j'espérai au moins qu'il avait entendu. Il fonça vers des rochers où il y avait un passage, la grotte qu'il avait donc mentionné.

    Je notais un fait aussi curieux qu'intrigant : le jeune soldat avait marché sur quelque chose qui libéra un nuage jaune. En m'approchant un peu avec précaution, je vis qu''ils s'agissaient de champignons et en marchant dessus, il avait libérer les spores. Rien d'alarmant, peut-être, ces champignons ne me disaient rien pourtant je connaissais la flore locale...

    À l'intérieur, je vis enfin ceux qu'il qualifiait d'amis : six jeunes soldats dans un triste état. L'un était blessé à la jambe, un autre à l'épaule et l'une des deux filles portaient des traces de mutilations sévères au ventre. Les soins qu'on lui avait apporté ne suffisaient pas, ses pansements étaient imbibés de sang. Pâle, elle tenait debout avec l'aide d'un de ses compagnons ce qui en soit était respectable et courageux de sa part. À voir ce groupe de gosses, c'était un exploit qu'ils soient encore en vie. Celui blessé à la jambe prit alors la parole, me disant que si je ne pouvais en sauver qu'un, que ce soit Annabelle. Il me promettait une belle récompense pour mon aide et qu'ils pourraient se défendre en restant ici à l'abri du danger. J'avais rangé mon arc pendant qu'ils avaient accueilli celui qui m'avait guidé et je croisais à présent les bras tout en les inspectant un à un.
    – Rester ici ne sera pas trop mal, oui. Comme je le disais à votre ami, il n'y a pas que des créatures sauvages de qui il faudra se méfier. Des hommes sont sûrement sur les traces de Terrabithia pour les fleurs qu'elle laisse derrière elle ou ses bouts de griffes. Méfiez-vous d'eux comme de la peste ! Ensuite... toi, lançai-je avec hargne au jeune qui m'avait emmené jusqu'ici. Regarde où tu mets les pieds ! Tu as marché dans un champignon bizarre et tes bottes sont pleines de spores... j'ignore ce que c'est, mais dans le doute, nettoie les dans de l'eau claire et évite de mettre ces spores en contact avec ta peau. Vous n'avez pas besoin d'une infection ou d'un poison en plus de tout ça. Et pour finir, annonçai-je en me tournant vers la susnommée Annabelle. Tu as l'air de pouvoir marcher, c'est bien. Mais pour l'instant, je vais te demander de t'allonger et ton amie va t'aider à retirer ces bandages que je jette un œil. Couverte de sang, tu n'iras pas loin sans attirer l'attention de bêtes sauvages si tu ne te vide pas avant... J'ai des cataplasmes, ça pourra peut-être suffire le temps du trajet.

    Fermant alors la bouche, j'en fis de même avec mes yeux pour soupirer lentement. Pourquoi avais-je dis ça ? Pourquoi les aider ? Pourquoi ne pas simplement les laisser se débrouiller. La mort de quelques personnes de plus ne pèsera pas sur ma conscience. Sans oublier Wanlia qui va m'engueuler... elle va vouloir garder cette Annabelle ou venir chercher l'autre fille et tuer les hommes. Je crois qu'elle est un peu trop féministe même si après ce qu'elle... ce qu'on a subit, je peux la comprendre. Enfin l'eau a été tiré du puits alors, autant la boire comme on dit. La prochaine fois, je prendrai le temps de réfléchir avant de parler. Je me tournai alors vers l'autre fille pour lui parler, un peu plus agacée et énervée que je l'aurai voulu :
    – Alors, tu l'aide ? Et vous les garçons, allez regarder ailleurs ! Toi vas laver tes bottes et toi, malgré ton épaule : tu peux marcher et inspecter les herbes pour repérer et marquer la présence des ces champignons bizarres, ils sont jaunes. Histoire que personne d'autre ne marche dessus. Toi avec ta jambe, reste assis, ne fatigue pas celle encore valide inutilement quand le blond aura lavé ses bottes, envoie le te trouver de quoi fabriquer une béquille.

    Et me voilà en petite maman poule qui file des ordres pour les aider et les protéger... Mais qu'est-ce que je fous... Pitié, Wanlia, j'espère que tu es de bonne humeur aujourd'hui.

    La réflexion du jeune sur le fait que les chasseurs-cueilleurs n'étaient pas dangereux et qu'elle confondait avec les bandits, me fis sourire : peut-être, ouais mais le monde est rarement tout blanc ou tout noir. Enfin, il l'apprendra à ses dépends tôt ou tard, malheureusement. J'étais peut-être trop méfiante, trop habituée à ce que les gens nous veulent du mal : après tout, on nous avait séquestré, frappé et bien pire encore, mais je préférais ma mentalité à celle de ce niais qui ne se fie uniquement qu'à ce qu'on lui a expliqué. Il enchaina pour dire que la chimère était passée par ici, il y a une heure environ, c'était vraiment frais comme attaque !

    Le petit chef du groupe avoua ensuite son manque d'expérience pendant que les autres s'exécutaient, il restait humble et savait reconnaitre qu'il était dépassé. Je lui fis simplement un sourire en guise de réponse pour enfin m'intéresser à la blessée. Elle semblait inquiète en m'ayant entendu parlé de trajet, je ne répondis rien pour l'instant, je voyais bien qu'ils étaient un peu déstabilisé par mon comportement peu avenant. Devais-je me montrer plus douce ? Ils venaient de vivre des événements difficiles et même traumatisants... Quoique non, on avait pas le temps pour ça, il était plus important de soigner les blesser et les mettre en sécurité. La brune me harcela de questions, à savoir où je comptais l'emmener car le village arboricole le plus proche était quand même loin d'ici.
    – Si je te réponds : chez moi. Ça te conviens comme réponse ? Sauf que je ne peux pas tous vous emmener.
Mon regard se posa, malgré moi, sur les garçons alors que je prononçais ma dernière phrase. Il était en effet dangereux pour eux de venir, même en expliquant la situation à Wanlia, elle risquerait de les faire exécuter sur un coup de tête.

    La brune aida enfin Anabelle à se déshabiller, les pansements étaient plutôt bien fait et les retirer relança les saignements. La blessure n'était pas mortelle en soi mais l’hémorragie, elle risquait de l'achever. Fouillant rapidement dans mon sac, je sorti un paquet fait en feuilles d'arbre, fermé par une cordelette. En l'ouvrant, les jeunes purent voir qu'il s'agissait d'une pâte un peu crémeuse et surtout malodorante. J'en mis sur mes doigts pour l'étaler au plus proche des plaies de la jeune femme.
    – C'est un baume contre la douleur... ça te soulageras pas beaucoup mais c'est déjà ça... je déchirai un bout de la feuille que je lui tendis ensuite. Mâche ça. Tu vas te sentir un peu nauséeuse et dans les vapes mais là, la douleur sera beaucoup plus supportable.
Je pris enfin un cataplasme que j'avais pour l'appliquer sur les plaies, ça devrait éviter tout risque d'infection, normalement. Je demandais ensuite à la brune de m'aider à refaire le bandage : après tout, si j'avais suivis c'était son œuvre et j'avais eu le temps d'estimer qu'elle avait fait du bon travail.  

    Celui qui m'avait amené ici, venait de revenir avec de quoi faire une atèle et une béquille pour son collègue. Il avait également lavé ses chaussures. Je me demandais encore ce qu'était ces champignons et j'hésitais même à en ramasser pour les ramener et savoir de quoi il en retournait. Il me demanda alors comment je m'appelais avant de se présenter lui et toute sa clique, prétextant qu'il lui fallait bien un nom pour le dire à son mentor qui demanderait qui les avait aidé.
    – Enchantée, je pris une longue inspiration avant de me relever. Kiara, tu peux finir le pansement et l'aider à se rhabiller, s'il te plait ? Bon, je me tournais vers le prénommé Elvis. Désolée de pas être très aimable, disons que les rares personnes que je croise dans le coin, sont... rarement amicaux.
J'avais faillis dire : soient des brigands, soient des soldats, mais eux-mêmes étaient militaires. Et ils n'avaient pas besoin de savoir que mon village ne s'entendait avec personne.
    – Pour en revenir avec les chasseurs-cueilleurs : pensez ce que vous voulez mais si jamais, ils se pointent et vous tuent pour vos affaires, vous pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenu. Après, d'accord : je peux me tromper. Mais ici, ça va faire clicher mais... c'est la loi de la jungle. Les plantes, les animaux, les créatures ne sont pas vos amies. Et c'est encore plus vrais avec les gens, je l'ai appris à mes dépends. Bref, mon nom n'a pas d'importance, surtout pour le mentionner à ton supérieur, du coup appelle moi comme tu veux, lui disais-je avec cette fois, un sourire amical. Quand Anabelle sera prête, je pourrai l'emmener avec Kiara à mon village. Pour vous les garçons, faudra malheureusement m'attendre ici et vous faire discret. C'est pas contre vous mais... c'est pour votre sécurité. Sur place, quelqu'un pourra soigner correctement Anabelle et Kiara pourra s'assurer qu'elle va bien. Moi, je récupèrerai des vivres, des médicaments pour vous les apporter. Dés qu'il vous sera possible à tous de vous déplacer sans difficulté, ou gros handicape en tout cas, je vous aiderai à rentrer chez vous. Des questions ? Est-ce que ça vous convient ?
Et voilà que je m'engageais à les aider sur du long terme... j'avais décidément bon cœur malgré tout.

    Notre progression dans la jungle se fit sans trop de mal. La blessée faisait de son mieux pour avancer et faire bonne figure. En moins d'une demi-heure, nous arrivions enfin vers le village des Amazones, une des gardes nous avait repérées et mise en joue avec son arc, j'abaissais ma capuche pour qu'elle me reconnaisse et nous laisse approcher. Je me remémorais les mots de l'autre, disant qu'elle m'appellerait "chasseuse" même si ce n'était pas élégant. Je trouvais ça drôle, comme si elle espérait pouvoir romancer un peu cette histoire plus tard pour la raconter à son supérieur, ses amis ou encore à sa famille.

    On était à quelques mètres des portes quand Kiara m'interpela pour me dire qu'il y avait un souci et demander si le village avait de quoi se défendre. Elle me laissa perplexe, qu'avait-elle senti ? Toute la forêt s'ébranla à cause d'une puissant et sinistre hurlement. Des arbres s'effondrèrent et l'immense gueule de la Louve apparut. Merde...

    Comme si ça ne suffisait pas, les trois garçons sortirent des broussailles en claudiquant pour foncer vers le village. Ces trois idiots nous avaient donc suivit ! Mais putain, ils ne pouvaient pas rester en sécurité dans la grotte ? J'veux bien qu'en tant que militaire, ils ne veulent abandonner personne, mais ils auraient dû m'écouter ! Et sans attendre, ils foncèrent se mettre à l'abri et se retrouver entourer d'amazones armées prêtent à tuer les hommes osant pénétrer leur intimité. J'ordonnais à Kiara d'emmener son amie à l'intérieur pendant que je dégainais mon arc. C'était purement par réflexe car je ne voyais pas comment abattre à moi seule Terabithia avec une ou plusieurs flèches.

    Réfléchis, pourquoi la chimère est ici ? Elle chasse encore ces jeunes ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui l'a aidé à les retrouver, à nous retrouver ? Comment éviter qu'elle ne détruise le village ? Puis-je tenter une diversion pour qu'elle me suive dans la forêt ? Déjà, voir ce que Wanlia pouvait faire pour protéger le village et l'empêcher de tuer les gamins avant toute chose.
    – Prévenez Wanlia !! Et par pitié, ne tuez pas ces gamins, on a plus urgent à faire !!
Quelque chose d'autre m'intriguait. Une odeur de viande pourrie me prenait au nez et commençait à me faire comprendre comme la chimère nous avait suivit. Il me restait à déterminer son origine même si j'avais une petite idée sur la question.

    J'enfonçais ma main dans une sacoche accrochée à ma ceinture pour en sortir une grosse poignée de ce qui semblait être du sable gris et très fin. Je jetais ça en l'air et usait de magie pour former un nuage grisâtre qui se dirigerait vers Terabithia. L'idée était on ne peut plus simple : réduire son champs de vision et troubler un minimum son odorat pour gagner quelques secondes. Je m’engouffrais à mon tour dans le village pour voir la plupart des femmes se jeter sur une arme, d'autres montaient sur les fortifications pour armer nos quelques catapultes. J'arrivais enfin vers Elvis qui était toujours maintenu en joue par plusieurs amazones comme ses deux collègues.

    J'ordonnais qu'on baisse les épées et arcs avant de me tourner vers le jeune homme en lui tendant la main.
    – Tes bottes. Enlèves les de suite et donne les moi. Tu ne sens pas à quel point elles puent ? Je t'avais dis de les laver à l'eau claire !!
Avant qu'il ne puisse me répondre, une autre voix s'éleva au milieu du village, vociférant des ordres à tout va. Une blonde aux yeux améthystes s'avançait pour nous rejoindre, elle me dévisageait ainsi que les jeunes militaires. Si ses yeux pouvaient cracher des éclairs, elle nous aurait probablement déjà foudroyé, je m'attendais presque à voir de la fumée sortir de ses narines ou ses oreilles.
    – Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils ici ? Qu'est-ce que tu as foutu, Noa ?
Elle n'espérait même pas des réponses, elle dégaina son épée pour se jeter sur l'un des garçons avec la ferme intention de le tuer sur place. Je parvins à m'interposer, posant une main sur son épaule pour l'intimer à reculer.
    – Plus tard pour les questions et pour exécuter des gosses ! Il faut déjà s'occuper de Terabithia. J'ai peut-être un plan : je vais essayer de l'éloigner du village. Prépares toi juste à la repousser et ensuite, occupes toi de ces gamins. D'accord ?
Elle écarquilla les yeux et s'apprêta à enchainer mais je n'avais nullement le temps et l'envie qu'on reprenne un de nos débats stériles durant lesquels on passe notre temps à nous disputer pour tomber d'accord sur le fait qu'on ne tombe jamais d'accord sur rien. Je me tournais vers Elvis pour lui dire de se dépêcher.

    Dehors, j'ignorais ce que faisait la Louve ni même si mon nuage de poussière était parvenu à réduire sa vision et son odorat, j’espérais avoir gagner quelques secondes ou minutes mais je ne pouvais en être sûre...