l'errante errant [PV Alice Beauregard]

l'errante errant

PV Alice Beauregard

J’avais posé des questions, ne comprenant pas tout, devant réfléchir alors que j’en avais depuis bien longtemps perdu l’habitude. De ce monde, je ne connaissais pas grand-chose en vérité, si ce n’est la protection de Samui dans mon pays natale et les grandes chimères fréquentant les mers, les terres et enfin le ciel immense. Ainsi, des noms donnés ainsi, ne me laissais aucun repère, même du plus lointain de mon passé. Un petit être apparut, s’agitant sur le lit, a part sa taille, ce n’était pas le seul détail particulier qui se présentait car toute son apparence était atypique. Je me dis que cette être, quel qu’il soit, change forme ou non, pourrais être très bien être convoité par mon maitre au vu de sa particularité. En effet il était d’un pelage noir, possédant une queue avec une feuille au bout, rouge tout comme le bout de grande et fines oreilles ainsi que de certains poils. On ne pouvait distinguer sa tête car cette dernière était masquée d’un crane qui par la forme au bout, aurait pus faire penser a celui d’un oiseau voit d’un rapace. Il commença à parler à son tour mais ses paroles à la limite de l’insulte ne me faisait rien, ce corps avait subi bien plus que des mots… Ce n’est donc pas ces derniers qui auraient pu me faire bouger, me faire frissonner ou n’importe quelles autres sottises qu’il était possible de produire. Voyager sans guide pour la première fois ? Mon ordre était de retrouver Mohan, rien de plus rien de moins, mon ordre ne disait pas de prendre un guide, mais de simplement faire. La folie ? Est-ce important, il suffisait de suivre un ordre, être folle ou non n’y changeait rien. Et puis, je e saurais donner de réponse car je ne la connais pas moi-même. Est-ce que ce corps parait fou ? Ou est ce que je suis folle de ne plus le sentir m’appartenir ? Le caillou se référais sans doute à mes souvenirs, mon intelligence ou tout ce qui constitue ce que je suis… Je dirais que c’est le contraire, que j’ai bien trop de chose…. Bien assez pour savoir qu’il y a peu d’intérêt à ce qui m’entoure alors il est plus simple de simplement suivre un ordre.

Mais la bestiole se fit attraper par la dame qui la pris par la peau du coup, lui donnant un petit coup, calmant la chose directement, la faisant taire en somme bien que cela ne semblait guère ravir l’intéressé.
« - Pardonnez son attitude, sa véhémence ne lui enlève pas son bon fond. Reprenons où nous en étions. »
Pourquoi, j’aurais dû lui en vouloir ? Mais ce n’étais pas le sujet… Elle sortie un grand dessin représentant certainement des lieux et des territoires, je ne pouvais quasiment pas décrypter les inscriptions dessus, mon niveau ne me le permettais pas…. Elle commença par montrer l’endroit où nous nous trouvions théoriquement, se trouvant en bas de la zone, après une étendu bleu que je supposais être de l’eau mais il s’agissais aussi d’un royaume. Elle montrât ensuite un endroit opposé, se situant en haut de l’image, expliquant enfin ce qu’était ces fameux scorpions, à part des insectes je veux dire.
« - Nous sommes ici, dans la Technopôle, et Sabliar est ici, par-delà la mer intérieure, le royaume de Mû. Il s'agit d'une région désertique où le commerce tient une grande place. Les Scorpions sont une organisation criminelle qui agit sur tout le territoire d'Ezylone. Mohan est l'un de ses leaders. C'est pourquoi si vous tenez à le trouver, interroger l'un de ses membres pourrait vous aider. »
La créature commençais de nouveau a s’agité, risquant de parler à tout moment. Bien que le contenue des paroles soit encore inconnu, la dame le regarda, ce qui empêcha au petit être de développé de futurs arguments. La fille continua ainsi, répondant à ma dernière phrase.
« - Pour ce qui est de votre raisonnement, personne n'est fait de bois, votre état actuel en est la preuve. Si votre volonté s'est fanée, il ne tient qu'à vous de la raviver. »
Je la regardai un moment avant de répondre.
« - Merci pour les informations. »
Puis en la regardant dans les yeux, toujours d’une neutralité étonnante, je crois, mais baissant une de mes oreilles de fauves ;
« - Ce n’est pas une question de volonté mais un simple fait, j’ai accepté ce que je suis car je n’ai trouvé aucun intérêt pour l’instant. »
Je levai légèrement ma main droite, essayant un peu la crasse a mon poignet, laissant la marque d’ancien fer se révéler.
« - Pour l’instant, ce qui pourrait arriver à ce corps ne m’intéresse pas. »
Je repose mon bras sur le lit, le laissant presque tombé puis fixe la créature un moment, sans bouger. Me décidant finalement à approcher mon visage de cette petite chose ayant dit tant de chose avant de se faire arrêter par sa maitresse.
« - Je ne viens pas d’ici, je ne connais pas ce monde a travers les pays mais a travers les chimères qui le peuple et d’où je viens, celle qui gouverne les terres ou je suis née, glace le haut des montagnes, elle a des écailles et vole dans un ciel inaccessible : elle se nomme Samui. Si je suis folle ? Peut-être, je suis simplement l’ordre de mon maitre… Je sais déjà de quoi est fait ce monde dans lequel il me renvoi ; la mort. D’abord le corps tombe et ne bouge plus et si le froid ne le préserve pas alors les insectes viendront pondre, les chairs pourririons alors que les asticots commenceront à l’infester, les yeux se dégraderont vite ne laissant que deux trous béants. D’autres insectes viendront aussi, bien sûr…. Alors, petit être, l’a tu déjà vu, la mort ? De ceux qui partent vers la tombe en souriant, attendant que leur crane sois explosé à la hache ou encore de ceux que la mort étreint doucement, longuement, douloureusement dans les regrets et la peur, ne les prenant qu’au tout dernier moment ? Alors dit moi petit être, dit moi, quel intérêt suis-je censé trouver dans ce monde ? »
Demandais-je doucement, d’un ton monotone mais quelque part, presque profond, les yeux vide et creusé par la fatigue, sans sourire, comme une question sincère qui ne demandais pourtant pas de réponse. Au moins, si je meurs, je n’aurais plus à réfléchir.

@Tenebreuse

l'errante errant

PV Alice Beauregard

Ce monde…. Qu’attendre de ce monde à part la mort ? C’est sans doute ce qui arrivera à ce corps mais qu’importe au fond….
« - Si vous ne prenez pas soin de vous maintenant, il sera trop tard. Vous devriez en prendre conscience, personne ne le fera à votre place... Surement pas Diavule en tout cas. Mais je n'insisterais pas davantage, il s'agit de votre vie, et de vos choix, après tout. »
De ma vie ? Elle ne m’appartient plus depuis bien longtemps, si longtemps que je ne sais pas quant est ce la dernière fois que j’ai fait mes propres choix, mes propres erreurs…. Mais je sais que choisir soit même n’est pas synonyme de gaieté mais de mort et de misère… Je ne dis pas que ne pas choisir soi même n’amène aucun malheur mais au moins, on n’en est pas responsable directement. Quitte à le subir, autant ne pas en avoir conscience, être simplement porté par lui, pour ne pas qu’il vous atteigne, pour qu’il ne devienne finalement que comme l’air que l’on respire et l’eau que l’on boit : une fatalité. Trop tard ? Peut être est ce que cela l’a toujours été pour moi, il n’y a pas eu de moment ou je pouvais y faire quelque chose, mes cicatrices sont là pour le rappelé, que cela soit avant ou après Diavule, ancré dans la chair de ce corps et gravé dans mon esprit. Jamais je n’ai demandé à Diavule de prendre soin de moi ou de ce corps, cela n’est vraiment pas son genre, non, tout ce qu’on pouvait demander, c’est des ordres. Certains sanglotais le soir dans leur prison, certains ont essayer de se rebeller et de fuir, sans plan, sans solution… Comme s’il y avait un intérêt : espoir, désespoir, espérance, ténèbres, lumière, tout cela n’a conduit qu’a une seule chose : la mort, même celle que je donne de mes crocs. Autant être indifférent a tout cela, ne pas se noyer, se laisser simplement porter comme si on n’était pas là, en ne laissant que le reflet de soi-même. La petite chose s’exprima elle aussi. Le choix de résister ? Comme exprimer, c’est inutile, cela ne conduit nulle part, marcher dans les pas de mon père. Vaillante panthère, je ne peux dire autant de ma mère, ne l’ayant pas connue, mais aussi vaillant il a été, il est mort, dans l’indifférence, dans le froid, dans le rejet. Là où j’ai grandi, c’était son choix, pour "résister" au monde, cela l’a conduit à la mort et moi, a sa perte. Puis Thorgal a voulu résister à son tour, m’emmener, pour quoi finalement ? Simplement se faire tuer et l’accepter. Alors, pourquoi je n’aurais pas le droit d’accepter ma condition de poupée de bois ? Du bois qu’on façonne comme on le souhaite, du bois jeter au feu une fois usé, un bois simplement oublié sur une poupée aisément manipulé. Toi aussi tu es sans doute lié, mais pour quoi exactement ? As-tu vu les choses comme moi ? Tu sembles bien différent et pas qu’en forme mais en esprit. Tellement de cause à défendre ? Mais combien mérite un intérêt, combien ne sont pas que de simple fatalité ? Combien est qu’il y en a ou ce n’est pas simplement des êtres qui se débatte en vain ?

Oui, combien ? Oui j’ai accepté de n’être rien de plus qu’un objet. C’est ce que je suis et pour l’instant, pourquoi je devrais être autre chose ? Retourner à des espérances de panthère ? Ou est ce que cela m’a menée finalement ? Pourquoi je devrais espérer mieux ? Rien ne m’attend. Des mots, rien que des mots, quoi de plus ? Jouer les victimes ? Non, un objet n’est ni victime, ni agresseur, il n’est qu’une chose que l’on bouge à sa guise, sans conscience, de ce qui lui arrive… Quand même la douleur ne devient qu’une simple information, qu’un fait alors, n’est-on pas déjà perdu, incapable de hurler, dans sa propre condition ? Mais c’est pour le mieux car ainsi, tout comme la joie, la souffrance n’existe plus, juste des formes devant ses yeux et des odeurs sans signification. Un sourire, une excuse, une créature qui disparait tout en restant présent, voilà tout ce qui se passais.
« - Je crois que nous en avons assez fais. Je vais prendre congé, mais je reviendrais vous voir demain avec un cadeau, alors attendez moi. La chambre est réglée, et le repas de ce soir aussi, l'aubergiste vous l'apportera en temps voulu. Profitez du broc pour faire un brin de toilette et reposez-vous. »
Peut-être ne le savait-elle pas, très certainement certes mais au fond, sa voix résonna comme un nouvel ordre à suivre : attendre. Ainsi, ce corps avait besoin d’un peu de toilette et de repos ? Était-ce aussi un ordre ? Comme l’échos d’une absence, d’une pression, recherché a présent pour un bien ou un mal, aucun des deux sans doute. Regardant la fille d’éloigné, main sur la poigné, une seule pensé me vint comme un flash aveuglant, comme un poignard solidement porté dans la chair « serais-je un jour capable de nouveau, d’être simplement une panthère, avec ses propres décisions ? ». La lumière dans ls yeux ne dura qu’un instant, futile certainement, pourquoi moi, parmi tous, je me devrais d’espérer ? Je sais ou cela me mènerait alors tout doucement, j’étouffa cette pesée si simple. Je la prie entre mes mains, serrant jusqu’à qu’elle disparaisse, qu’elle se taise, un objet n’a pas besoin de telle chose. Elle se retourna qu’un instant, une crainte dépassée.
« - J'amènerais de quoi vous aider, alors ne partez pas, s'il vous plaît. »
Une seule question resta sur ma face alors que la porte se referma : pourquoi ? Pourquoi aider un objet sans valeur, une simple poupée poussiéreuse ? Mais l’ordre revint bientôt : attendre.

Alors j’attendis, me levant du lit, restant debout car après tout, quand l’on me disait d’attendre, cela était souvent dans cette position. A un moment, je ne sais pas combien de temps était passé, seul mes jambes engourdit était une indication. L’homme sembla un bref instant intrigué avant de simplement poser le repas sur un meuble et repartir en levant les épaules. Surement n’était-ce pas la première fois que des cas spéciaux était présent, il avait déjà dû en voir. Tout comme j’avais accepté ma fatalité, il avait accepté la sienne : une vie dans une réalité distordu, décousus, sans sens au point de ne plus en chercher aucun. Ceci étant, autre chose me revint en tête : être discrète mais également ce qu’elle avait dit : se nettoyer et manger. Je jetai un coup d’œil au broc pas loin, plus grand-chose restait de moi, peut être un mince souvenir de comment faire, sans rien, sans maitre attendant, sans servante au regard acerbe. Le pantalon tomba, le haut aussi, restant simplement au milieu de la pièce et de peau, je passai à fourrure d’ébène. Faire mes besoins dans un coin de ma pièce, un ustensile prévu pour, surement par automatisme. Puis une toilette que seuls les félins connaissent, même ceux réduit comme moi, a une carrure faible et a un esprit détruit. Enfin, le repas manger fut froid et pas dévorer en entier, j’avais bien moins là-bas, avec Diavule alors par automatisme, je mangeais la même quantité bien que cela était l’une des raisons du pourquoi mon corps était devenu ainsi. Enfin, j’alla dans un coin de la pièce, m’asseyant sous cette forme et regarda la porte, suivant cet ordre : attendre. La lumière ne traversait plus la fenêtre depuis bien longtemps quand, voyant de nouveau trouble, je tombai sur le coté sous cette forme, m’endormant finalement sur le sol dur : il l’était moins que quand j’étais là-bas mais ça y ressemblait. Peut-être qu’à mon réveil, je verrais de nouveau les barreaux, j’entendrais de nouveau le gémissement des autres et que la voix de ces servantes nous détestant tant, me parviendrais ?

@Tenebreuse