On ne part pas à l'aventure l'estomac vide ! [Koniake]

On ne part pas à l'aventure l'estomac vide !

Je ne suis pas mécontent de pouvoir enfin me poser dans un lit. Cette journée a été particulièrement épuisante, et j'ai l'impression que celle de demain ne s'annonce pas plus calme. Et ce fut sûrement pour le gamin qu'elle commença le plus durement. Au moins, il semblerait "qu'attraper" un hudestri s'apparente davantage à un exercice de patience que de cabrioles. Je ne sais pas bien si je n'aurais pas préféré un peu plus d'action (parce qu'on sait tous qui va s'y coller) mais ce n'est pas comme si on avait le choix. Au moins maintenant, on sait comment faire.

- "Entre le petit qui aura bien du mal à chevaucher la bestiole et toi qui aura perdu connaissance cinq fois avant qu'il ne te laisse approcher, j'imagine qu'on n'a pas vraiment d'autre option non."

Il n'y a rien de particulièrement désagréable dans cette remarque, seulement un constat qui nous amène à la même conclusion. Et l'avantage, c'est que nous n'avons même pas besoin de passer de longues heures sous l'eau pour débusquer un troupeau de hudestris, puisque notre requin à tête chercheuse fait le boulot pour nous.

- "Et voilà les amis ! Je pense que j'ai fait ma part du boulot ! Pour la suite, c'est à vous de jouer !"

Peut-on réellement dire que nous soyons amis ? J'imagine que ce n'est pas le moment de soulever la question. Je me prépare donc pour une nouvelle excursion sous-marine. Une fois sous l'eau, ce n'est pas très difficile de repérer l'endroit d'où provient toute l'agitation. Plusieurs de ces montures des océans qui vont et viennent avec une agilité et une rapidité qui me font finalement apprécier la solution qui nous a été livrée le matin-même.

Mais la pratique n'est pas aussi simple que la théorie. Mon arrivée, que j'essaie pourtant de faire la plus délicate possible parait semer de l'agitation au milieu de tout le troupeau. L'avantage, c'est que certains se retrouvent plus facilement mis à l'écart. Pourtant, je ne dois pas vraiment leur inspirer confiance. J'essaie d'être aussi inerte que l'était Stigma pour sa démo, mais à chaque fois que j'ai l'impression que c'est gagné, la bestiole fait finalement demi-tour et disparait sans que je n'ai le temps de faire le moindre geste supplémentaire.

J'ai l'impression que ça fait des heures que je suis dans l'eau et que je commence à me transformer petit à petit en plancton, quand un nouveau cheval s'approche de moi. Pas très grand en comparaison des autres, j'aurais tendance à dire que ça doit être un jeune. En tout cas, il parait plus courageux que ceux que j'ai croisé jusqu'à présent. Il ne met en effet pas très longtemps avant de s'approcher de moi. Ne voulant pas prendre le risque de l'effrayer, je lui laisse tout le loisir de me tourner autour, me poussant de sa tête comme pour s'assurer que je suis réellement là, avant de tendre la main pour toucher son encolure.

On ne peut pas dire que je sois particulièrement à l'aise avec les animaux sauvages, mais je crois qu'avec celui-ci je ne m'en sors pas si mal. En tout cas, j'arrive finalement à monter sur son dos (et sous l'eau c'est assez perturbant comme sensation) et après un certain nombre d'ajustements, j'arrive même à gérer plus ou moins notre direction. Vers la surface donc, où il ne me faut pas très longtemps avant de repérer l'embarcation que j'ai laissé il y a un certain temps...

- "Et voilà. Plus qu'à rentrer à la Technopôle !"

Ouais. Plus qu'à. Sauf que le retour s'annonce moins tranquille que l'allée. C'est qu'il y a de la route.

On ne part pas à l'aventure l'estomac vide

Le cheval des mers enfin embarqué à bord du navire je me prends tout le contrecoup des heures qui ont précédé, et c'est avec un manque d'énergie évident que je rejoints le pont. Heureusement que la récompense en vaut le coup. Je ne sais si j'ai déjà autant donné de ma personne pour ce genre de plan. Mais plus on avance et plus ça sent bon l'or, pas question de se démotiver maintenant.

Heureusement, le trajet du retour fut relativement calme. Oh, il y a bien eu quelques problèmes mineurs à gérer, le transport d'une telle bestiole n'étant pas toujours des plus simples, mais nos "amis" du moment ayant quelques talents (uniquement liés à leur race mais je dois bien l'admettre) nous ont bien aidé à calmer l'animal pour éviter tout débordement.

Les jours à bords du navire sont plus tranquilles et après avoir repris quelques forces, nous voilà enfin de retour à la Technopôle. Et je crois que tout le monde est plutôt content d'arriver à terre. Du moins, de se débarrasser de l'étrange chargement.

- "Eh bien mes amis, je crois que quelques verres pour fêter cette réussite ne seront pas de trop ! Mais avant ça, il me faut encore aller trouver ceux qui sauront prendre soin de notre petit accolyte. En attendant, profitez en pour vous reposer un peu. Ça vaut aussi pour vous deux, vous en avez sûrement besoin."

Je me tourne vers Koniake pour ajouter cette remarque à son attention. C'est à dire que le voyage en mer ne lui a clairement pas réussi. Sous l'approbation générale d'un tel plan, je m'en vais retrouver les auteurs de cette annonce qui nous aura fait voyager, non sans effectuer un rapide arrêt par chez moi. C'est que je tiens à avoir l'air un minimum présentable et là... Il faut admettre que ce n'est pas le cas.

Après quelques efforts supplémentaires pour tomber sur le personnel du zoo en quête de leur nouveau spécimen marin, nous retournons enfin vers les quais, où ils ne peuvent qu'apprécier le résultat.

- "Merveilleux ! Il semblerait en plus que ce soit un jeune animal que vous nous avez ramené là ! Nous nous chargeons de la suite des opérations. Merci pour vos efforts."

Une fois légèrement à l'écart, celui qui est manifestement le chef me tend la récompense pour laquelle tous ces efforts ont été fournis, avant de repartir de là où nous sommes arrivés. Et comme je suis un homme de parole, je scinde avec attention le contenu de cette bourse bien lourde en deux, avant d'aller retrouver Koniake pour lui donner ce qui lui revient (même si j'ai encore quelques doutes sur sa réelle utilité tout au long de ce voyage...).

- "J'espère que tu sauras quoi en faire."

A vrai dire, je ne m'inquiète pas trop pour ça. Il est à peu près évident qu'il y en a un qui doit nécessiter un certain apport financier. Et même si je ne dois pas être la personne la plus altruiste qui soit, je dois admettre qu'il ne manque pas de courage, ni de détermination.